lundi 23 avril 2012

Les enseignements du 1er tour de l’élection présidentielle en France du 22 avril 2012 (Art.61)


1. Les deux candidats républicains, François Hollande (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP), passent au 2e tour, avec un taux de participation de plus de 80 %, c’est un beau doublé pour la démocratie. Les scores sont assez proches. Qui est premier n’a strictement aucune importance.

2. Pas de doute il y a un désaveu important de la politique menée par Nicolas Sarkozy depuis 5 ans, comme la symbolique et indécente mesure du bouclier fiscal votée la vieille de la crise économique, et une sévère sanction de cette équipe, les Français ne pardonnent pas au président sortant d’avoir laissé filer la dette de la France qui atteint aujourd’hui un record, 1800 milliards d’euros, soit 600 milliards d’euros de plus qu’en 2007, c’est-à-dire 3800 euros de dette supplémentaire par seconde sous le mandat Sarkozy ! Certes tout ce que l’équipe Sarkozy a fait n’est pas mauvais, mais face à ce chiffre même les dieux là-haut ne pourraient rien, alors que dire des héritiers de Danton ici-bas! Les Français ont exprimé un désir de changement. Ils ont décidé que le changement c’était pour maintenant et il serait incarné par François Hollande.

3. Pas de candidat d’extrême droite ou d’extrême gauche au 2e tour, c’est également une excellente chose. Le cauchemar de 2002 était dans tous les esprits. Une démocratie mature n’a pas vocation à laisser s’épanouir les partis extrémistes, encore moins de les porter au pouvoir.

4. Le candidat du parti centriste (Modem), François Bayrou, à près de 9%, moins que prévu, c’est une mauvaise nouvelle, il méritait peut-être un peu plus.

5. Le candidat du parti d’extrême gauche (Front de gauche), Jean-Luc Mélenchon, à près de 11%, c’est plus faible que prévu et c’est une très bonne nouvelle car il ne pèsera pas sur la politique de François Hollande s’il est élu le 6 mai. En tout cas, son influence sera limitée.

6. Marine Le Pen, la candidate du parti d’extrême droite, le Front national (FN), est le « 3e homme » de cette élection avec ses 18 %. Nous rentrons au cœur du réacteur France ! C’est la surprise de ce scrutin et c’est une bien mauvaise nouvelle ! Présenté en pourcentage, le score est moins effrayant que s'il l'est en chiffre absolu. Il faut savoir que les 18 % représentent près de 6,5 millions de Français ! Cela signifie que 1 électeur sur 5, a choisi ce parti dont l’idéologie fait honte à la France, à son Histoire et à ce qu’elle représente, contrairement à ce que pensent beaucoup de nos compatriotes libanais et franco-libanais ! Non je ne comprendrais jamais ces français qui votent pour ce parti xénophobe et raciste sachant que 27 % de la population française a au moins un parent né à l’étranger, et surtout simpliste avec des propositions populistes qui, si elles sont mises en œuvre, elles réserveront à la France une belle descente aux enfers ! Tous les partis français les épargnent depuis 30 ans dans l’espoir d’obtenir leur voix, expliquant que ça ne serait pas de leur faute, qu’il faut blâmer leur leader. Au vu du score d’hier, il faut bien croire que cette stratégie a échoué. Jamais le FN ne s’est senti aussi puissant, aussi décomplexé, aussi arrogant. Aujourd'hui, plus qu'hier, je ne comprends toujours pas ces français qui « souffrent », propos de Rachida Dati prononcés lors de la soirée électorale, et cette « souffrance sociale », selon Rama Yade ! Mais jusqu’où diable la République doit-elle aller pour apaiser cette souffrance ? Je me demande si la chasse aux voix du FN n’est pas bel et bien ouverte !

En tout cas, il semble que le report des voix du FN sur Nicolas Sarkozy tournerait autour de 60%. Ce qui inquiète maintenant que le 1er tour est derrière nous, c’est l’attitude de la droite pour le 2e tour, qui serait tentée de récupérer les 40% restant, en rabâchant les oreilles des Français avec les thèmes favoris de ce parti (immigration, insécurité, islamisme, fraudes, protectionnisme, fermeture des frontières, etc.) ! Et encore plus inquiétant c’est leur stratégie pour les élections législatives en juin. L’UMP se trompera magistralement s’il espère récupérer les voix du FN, le compte n’y sera pas, jamais. Marine Le Pen, ne négociera pas entre les 2 tours, d’ailleurs elle n’a aucun intérêt à le faire. Elle essayera tout pour faire tomber Nicolas Sarkozy, afin de le remplacer sur l’échiquier politique. Elle pourrait même donner des consignes de vote secrètes en faveur du candidat socialiste pour couler le navire Sarkozy. Et pour cause, Marine Le Pen se place d’ores et déjà en « chef de l’opposition », elle veut recomposer la droite selon « ses conditions » ! Gilbert Collard, un proche du leader du FN, a rajouté même sur le plateau de France 2 hier soir, « Nous sommes la nouvelle droite » ! Une perspective bien terrifiante, surtout la veille de ces élections législatives. Les candidats de la droite pourraient ne pas résister bien longtemps à la tentation de s’allier avec le FN dans l’espoir d’être élus ou réélus.

Les discours et les mesures « front-nationalistes  » de la droite, comme par exemple les propos de Claude Guéant sur l’inégalité des civilisations, "Pour nous toutes les civilisations ne se valent pas", et le débat avec d’arrière-pensées politiques sur « l’identité nationale », ou les nombreuses réformes sur l’immigration, ne portent ni chance ni leurs fruits, surtout à long terme, car les gens préféreront toujours l’original à la copie ! La droite française ne l’a encore et toujours pas compris, dommage. Quand comprendra-t-elle qu’il est possible d’affirmer ses convictions et d’exposer ses valeurs sans forniquer avec l’extrême droite et sa démagogie à trois francs six sous ? Aujourd’hui la droite française a rendez-vous avec deux élections, présidentielle (2e tour le 6 mai) et législatives (10 et 17 juin). Elle est face à des choix historiques, surtout pour la première car les dés sont jetés : soit de perdre la tête haute, soit de perdre la tête basse ! Tout dépendra de son attitude vis-à-vis du FN et de la teneur de son discours entre les deux tours. Fera-t-elle les yeux doux et des appels du pied aux électeurs de l’extrême droite ? Les Français la regardent et sont toute ouïe !

Les médias aussi portent une lourde responsabilité dans le score exceptionnel réalisé par Marine Le Pen. Tout le monde s’est senti obligé la veille du dépôt des 500 parrainages nécessaires pour se porter candidat à la présidence de la République, de défendre la nécessité démocratique que Marine Le Pen ait ses signatures et s’offusquait à l’idée qu’elle n’y soit pas, alors que la règle des parrainages était la même pour tous, de Nicolas Sarkozy à Philippe Poutou, et qu’on n’allait pas adapter la loi pour faire plaisir à Madame Le Pen. Il faut reconnaître que le feuilleton quinquennal de la mascarade du « suspens », « elle les a ou elle ne les a pas », avec la variante « elle les aura ou elle ne les aura pas », orchestrée très habilement par la candidate d’extrême droite pendant des semaines durant, a été bien relayée dans les médias français qui sont tous tombés dans son piège. Toutes mes félicitations ! Il ne faut peut-être pas s’étonner après, que les électeurs se sentent à l’aise avec cette idéologie extrémiste. Certes, il est préférable de ne pas diaboliser le parti d’extrême droite, mais ce « new look » incarné par Marine Le Pen, ne doit pas nous faire oublier que la banalisation du FN dans les médias conduit inexorablement à cette banalisation dans les esprits.

7. Vive la démocratie. Le peuple est souverain.


Post-Scriptum 1
Le vote parisien est très intéressant… FRANCE vs PARIS

François Hollande : 28,63 % vs 34,83 %
Nicolas Sarkozy : 27,18 % vs 32,19 %
Marine Le Pen : 17,9 % vs 6,2 %
Jean-Luc Mélenchon : 11,11 % - 11,09 %
François Bayrou : 9,13% - 9,34 %
Eva Joly : 2,31 % vs 4,18 %
Abstentions : 19,84 % vs 19,85 %


Post-Scriptum 2
La dette de la France a augmenté de 2 millions d’euros pendant votre lecture ! Vous comprenez mieux maintenant la colère des Français ?

dimanche 22 avril 2012

France : Election présidentielle 2012. Quelques affiches de campagne, non officielles !


 
  7 mai 2012 : La France sereine




Nicolas Sarkozy 2007 vs 2012 : le regard fuyant... les électeurs. Et pour cause, que de promesses non tenues et un bilan désastreux résumé en quelques mots par Laurent Fabius : "Votre bilan, c'est votre boulet". 




"La France forte" le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy pour 2012, est né de la fusion de celui de François Mitterrand en 1988 avec celui de Valéry Giscard d'Estaing en 1981... Pas vraiment créatif !




Il est grand temps de refermer la parenthèse Sarkozy pour que la France retrouve enfin sa sérénité le 7 mai 2012 ! La mer d'Egée n'était pas un choix judicieux...




Le risque de voter pour Jean-Luc Mélenchon au 1er tour, est de faire un remake de l'élection présidentielle de 2002, où le candidat du Parti socialiste, Lionel Jospin, à cause de la dispersion des voix de la gauche, n'a pas été en mesure de se présenter au 2e tour, qui a vu s'affronter Jacques Chirac (droite) et Jean-Marie Le Pen (extrême droite).




"Si tu veux voir nos nichons, vote Mélenchon*...  * Si tu veux voir nos zizis ..."
Sérieux s'abstenir ! Enfin sérieux dans le sens, qui veut vraiment voir les nichons de ces demoiselles !




The Economist :  France in denial. The West most frivolous election.


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