dimanche 17 mars 2013

Un smartphone ou un briquet, il faut choisir ! (Art.127)


En haut, le 4 avril 2005, une foule assiste avec recueillement au transport de la dépouille de Jean-Paul II dans la basilique Saint-Pierre. En bas, le 13 mars 2013, une foule écoute religieusement François Ier devant la basilique Saint-Pierre. On se retrouve pratiquement sur les mêmes lieux, à huit petites années d’intervalle. Cliquez sur la photo pour l’agrandir et cherchez l’erreur ? Les smartphones! Bravo. Certes, il ne s’agit pas tout à fait du même type d’événement, recueillement au passage de la dépouille de l’ancien pape vs l’accueil du nouveau pape, mais enfin, la comparaison est impressionnante. Aujourd’hui, les smartphones ont largement démocratisés la photographie, permettant d’immortaliser le vécu avec une grande qualité, et l’application Instagram fait d’une prise de vue ordinaire, un cliché extraordinaire, comme c'est le cas pour la photo ci-dessous. Que demande le peuple de plus ! Il faut rappeler au passage, que Steve Jobs n’a introduit l’iPhone, le plus smart des smartphones, qu’en 2007 et l'iPad en 2010.

Il ne fait aucun doute, nous sommes devenus une génération dépendante des écrans en général, et des smartphones en particulier. Pas très intelligent pour l’espèce qui a inventé ces fichus appareils me diriez-vous ! Le téléphone portable reste tout de même une fabuleuse invention. Etre joignable tout le temps -minute, là franchement c’est une très mauvaise chose !- mais rien ne vaut la discrétion et la pertinence d’un SMS, surtout que les paroles s’envolent, mais les textes restent. Il n’empêche que ce qu’on en a fait et surtout ce qu’on en fera, soulève beaucoup de questions. Où est le seuil entre une utilisation normale et une utilisation abusive ? Sommes-nous des borderlines ? Le pire est-il à venir ou déjà derrière nous ?

Cela ne fait aucun doute, la génération qui nous succédera sera ultra-branchée diront les uns, carrément aliénée pour les autres! Il n’y a qu’à voir déjà les mômes qui nous entourent. Ils sont incapables de se concentrer plus de 3 minutes et 36 secondes sur une seule malheureuse chose à la fois. Toujours, à gérer 3 écrans simultanément : le baladeur, le téléphone et l’ordinateur. Si on les prive de ces appareils, ils feront une crise d'épilepystérie et se mettront à faire tourner leur stylo sur leur pouce. Mamma mia ! Et comme dans tous les domaines, il y a des malins, des smarts du phone, qui combinent les trois ensembles ! Ils ne sont pas mieux lotis pour autant. Et encore, si ça ne se limitait qu’à cela. Pour chaque appareil, plusieurs applications sont ouvertes. Pauvres processeurs ! Un pentium déplaçait des montagnes il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est une tortue numérique de la préhistoire. Les core duos n’ont pas fait long feu, impuissants, ils sont morts d'épuisement. Même avec les i7, on rame. Bref, tout ado qui se respecte doit avoir en permanence et au minimum 7 applications ouvertes, 24h/24, 7j/7, 365j/365, la vie durant : Facebook, Twitter, Instagram, Gmail, WhatsApp, Viber, Skype, j’en passe et des meilleures ! On ne sait jamais, l’urgence peut tomber à tout moment, l'appel du large en quelque sorte; ils sont là, comme les surfeurs de Californie, attendant la vague du siècle.

Faut-il s’en réjouir ? Difficile de répondre d’une manière catégorique. Comme dit la philosophe finlandaise Nokia, la technologie aujourd’hui permet de réunir les gens ! Mais, est-ce pour autant qu’on communique mieux qu’avant ? Je ne suis pas si sûr. Par contre, ce qui sûr et certain, on (s’)expose plus qu’avant. Trop est incontestablement l’ennemi du bien.

En tout cas, il y a une chose que je regrette un peu dans cette évolution récente. C’était tout de même mieux avant. Plus romantique. Rien n’est irrémédiable. Il suffit d’en prendre conscience. Enfin, ça serait dommage que ça disparaisse complétement. Autrefois, sans remonter jusqu’à Woodstock, je n'étais pas né encore, foutaise BB!, lors des concerts, on secouait la main en allumant un briquet!  Bon d’accord, briquet veut dire fumeur, blablabla, mais bon, pas forcément dans un concert. En tout cas, avouez-le, une gracieuse flamme demeure quand même plus chaleureuse qu’un écran plat. Les pèlerins et les fidèles en sont encore conscients. Il n'y qu'à voir ce qui se passe dans les églises et les pèlerinages, comme par exemple à Fatima au Portugal (photo ci-dessus). C'est beau ! On n'est pas encore passé au bougie numérique dans les églises, Dieu merci. Non, allumer son smartphone et faire brûler un cierge ne se valent pas et tant mieux qu'il en soit ainsi. Tout ce que l'on peut faire avec la technologie est fascinant. Tenez, comme lors du concert de Coldplay le 2 septembre 2012 à Paris où grâce à des bracelets ayant des lampes LED et radio-contrôlés, le Stade de France a scintillé de milliers de couleurs (photo ci dessous). Un feu d'artifice d'une grande beauté. Mais j’aimerai bien qu’on y revienne à cette veille pratique primitive, une application inattendue du feu, pas complétement disons, mais d’introduire une dose nostalgique. Tenez, j’ai une meilleure idée, fixons des quotas : allez, au prochain live de With or without you de U2 au Stade de France, ou de This I Love de  Guns N' Roses au Forum de Beyrouth (30 mars), les fans entreprenants remueraient lentement au bout du bras des lueurs romantiques réparties ainsi : 40 % de lumière blanche, donc de smartphones, 40 % de lumière jaune, donc de briquets, « Fumer nuit gravement à la santé ! Ok les djeunes? », 20 % de flashs scintillants de partout, et des milliers de paires d’yeux émerveillés, les miens compris, pour faire de cette scène éphémère un tableau émotionnel inoubliable.


Post-scriptum: Je déteste au plus haut degré les touchphones & co (iPhone, Galaxy Ballout, etc.). Ils n'ont rien de smart, ce sont des stupidphones ! Wlak, c'est impossible de rédiger ne serait-ce qu'un petit malheureux SMS de 160 caractères sans proférer des jurons tous azimuts, wlé min allak énno tsalli7 el kélmé, wlé A mich Q, k... ékhtak 3a ékht yallé b..., yél3an b..., ya akhou el ch..., et j'en passe et des meilleurs !

Réf.

mardi 12 mars 2013

Hommage à la politique de l'autruche et aux Autruchiens du monde (Art.124)



La politique de l’autruche est un concept qui consiste à ignorer un danger ou tout simplement la réalité et ne pas s'en soucier, faire comme si de rien n'était. Elle est appliquée aussi bien au niveau international qu'au niveau national, et dans divers domaines, de la politique à l’écologie. Au pays du Cèdre, c'est même devenu un sport national. A qui fait le mieux, les surenchères vont bon train. Les exemples ne manquent pas, n'est-ce pas? Tour d'horizon.

1. Un million de réfugiés syriens, plus un demi million de réfugiés palestiniens pour 4 millions d'habitants, alors que le distributeur de lait est à nouveau entré en hibernation sur les rives du Bosphore, la blackoutiste d’Achrafieh n’arrive pas à sortir des couches-culottes, et le Liban n’a reçu que quelques millions de dollars d’aides de bonne conscience des soi-disant généreux donateurs arabes et occidentaux, soit quelques misérables dollars par réfugié, le gouvernement Mikati tout entier fait office de ministère du Tourisme pour vanter le charme du pays du Cèdre... Tout cela relève d'une pathétique politique de l'autruche !

2. La moitié des députés libanais chrétiens sont désignés par les partis musulmans depuis 5 législatures sous diverses lois électorales, pas dans l’autre sens, avec aujourd'hui une volonté à peine voilée de ces partis de maintenir la loi électorale dite « loi 1960 » qui entretient cette tare démocratique... C’est bien une politique de l’autruche !

3. Alors que 40 à 70 % des Libanais selon les régions ne payent pas leurs factures électriques et se branchent illégalement sur le réseau public, le ministre libanais de l’Energie, Gebran Bassil, fait venir des bateaux générateurs d’électricité pour pallier la production de l’Etat et nous promet le courant 24h/24 pour 2015... C’est bel et bien une politique de l’autruche !

4. Quatre accusés du Hezbollah et 13 170 pièces à conviction dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, et certains du 8 Mars, avec qui on partage la nationalité libanaise, pensent toujours que le Tribunal Spécial pour le Liban et leurs chaussures c’est kif-kif... Encore, la politique de l’autruche !

5. Tandis que le peuple du Liban doit faire face à un parti politique libanais qui a le culot de prendre le nom de « Hezbollah », parti d'Allah, disposant d'une milice puissamment armée qui échappe à tout contrôle de l’État libanais, qui affirme noir sur blanc dépendre du Guide suprême de la République islamique d'Iran, qui trouve qu'une République chiite serait la meilleure solution au bordel communautaire au Liban et qui intervient militairement à sa guise au Liban, en Syrie et en Europe, certains, comme le général Michel Aoun, ne voient que la menace salafiste qui émergent à tous les coins de rues. Alors, bérabkoun, comment peut-on appeler cette sélectivité ? Toujours, la politique de l'autruche !

6. Depuis le 7 juin 2009 et l’on sait que des élections législatives auraient lieu le 9 juin 2013 et les partis politiques libanais ont les yeux rivés sur la Syrie... Rien d'autre que la politique de l’autruche !

7. Après deux ans d’affrontement et plus de 70 000 morts en Syrie, selon l'ONU, les rebelles syriens continuent toujours leur guérilla contre le régime de Bachar el-Assad... Plus que jamais, la politique de l’autruche.

8. Un pays ravagé et une population martyrisée n’ont toujours pas pu convaincre Bachar el-Assad de plier bagages et aller faire el Omra woul Hajj, le pèlerinage de la Mecque, pour qu’Iblis ait pitié de son âme, aucune intercession auprès d’Allah n’étant plus possible pour lui. Politique de l'autruche, aussi !

9. A peine 0,1 million m² d’espaces verts disponibles pour les Beyrouthins et la municipalité de Beyrouth continue à fermer le Bois des Pins aux Libanais et à mutiler les ficus des trottoirs de Beyrouth... Politique de l’autruche, également!

10. Un trou dans la couche d’ozone, des déchets nucléaires dont on ne sait plus où les enfuir et le cauchemar de Fukushima qui hante tous les esprits, la France et les autres pays d’Occident continuent à chauffer les terrasses ouvertes à l’air libre des cafés parisiens et occidentaux l’hiver pour permettre à quelques enfants-gâtés-adultes-gâteux de prendre leur casse-croûte et leur pinard dehors par -5°C ! Une ignoble politique de l'autruche !

11. Alors qu’il ne reste plus que 25 000 ours polaires dans le monde, le Canada continue à tuer 400 ours tous les ans et vient de faire capoter la conférence internationale qui visait à interdire tout commerce autour de cette espèce menacée... On reste dans la politique de l’autruche !

12. Tous les pays de la planète sont plongés dans des surendettements colossaux au profit de banques misanthropes, jamais il n’y a eu autant de milliardaires dans le monde, les gouvernants continuent à prendre des mesurettes économiques et sociales, à gaspiller l’argent public dans des projets inutiles qu’aucun particulier raisonnable n’entreprendrait à sa petite échelle s’il était à ce niveau d’endettement par rapport à ses ressources, toute l’économie mondiale reste baser sur la croissance, donc sur la consommation, et dites moi franchement, à quoi peut-on s'attendre à long terme ? Une méprisable politique de l’autruche.

13. Plus de la moitié des fidèles de l’Eglise de Rome sont de sexe féminin et 2000 ans d’histoire, n’ont pas eu raison de la domination masculine sur l’institution catholique... La satanée politique de l’autruche !

La liste est interminable. Je suis sûr que vous avez des dizaines d’exemples dans la tête. J’ai commencé et j’ai terminé par deux sujets d’actualité, l’un national, l’autre international. L’essentiel c’est de retenir que la politique de l’autruche est répandue. C’est même un courant de pensée intemporel. Pour ses adeptes, même s’ils ne l’avouent pas, elle leur est imposée par la nécessité de « durer » le plus longtemps possible. Elle exige d’ignorer les problèmes, en tout cas, d’éviter d’aller à la source, ce qui pourrait leur créer des ennuis, judiciaires et électoraux. Sans oublier que la fin justifie les moyens, encore et toujours ! Wa mokhtasar moufid : bala waja3 rass ! Voilà, vive la politique de l’autruche. Longue vie aux Autruchiens !


Réf.
« Faire l’autruche ou appliquer la politique de l’autruche sont des expressions populaires, des idiotismes animaliers partant de l'idée reçue qu’une autruche ayant peur reste figée debout et la tête dans le sable au lieu de s'enfuir. La légende trouve différentes explications du fait que cet animal se tient souvent la tête près du sol. Pour échapper aux prédateurs, l'autruche se fige au sol, couchée, la tête au sol. Cette stratégie paraît dérisoire à l'homme qui est capable de la repérer facilement en suivant ses empruntes, contrairement aux animaux sensibles aux signaux auditifs et olfactifs. » (Source: Wikipédia)

vendredi 8 mars 2013

Journée de la femme : 10 réflexions sur les droits de la femme (Art.123)


Tout ce que je dirai, je le dirai en tant qu’homme, évidemment. Je le dirai ni pour faire plaisir ni par complaisance. Il peut être retenu contre moi, j’en suis conscient. Je le dirai en prenant ce risque et en toute connaissance de cause. Allez, je me lance.

1. La Journée de la femme devrait être supprimée du calendrier. Elle ne sert à rien, à part donner bonne conscience aux hommes. Je la trouve même particulièrement insultante pour les femmes, mais après tout, je ne suis qu’un homme.

2. Avant d’évoquer les droits sociaux et politiques, nos sociétés, notamment libanaise, doivent affirmer le droit de la femme au respect absolu de son intégrité physique. Nul homme ne peut avoir de l'autorité sur une femme
physiquement, ni un père, ni un frère, encore moins un cousin ou un mari, n'en parlons pas du législateur ou d’un inconnu, quel que soit la raison avancée, celle invoquant « l'honneur » dans nos contrées lointaines étant particulièrement abjecte. A propos, la violence conjugale ne relève absolument pas des « affaires familiales » comme l'ont fait entendre certains membres libanais du « Front des soutanes unies ». Ce front imaginaire, créé par BB himself, regroupe les chefs religieux des 18 communautés libanaises, qui malgré les disputes fratricides se retrouvent souvent et soudainement unis contre certaines nœuds politiques (comme le mariage civil par exemple). En tout cas, toute atteinte à l’intégrité physique doit être sévèrement condamnée par la loi libanaise.

3. Après le droit à l'intégrité physique, la femme a le droit de disposer librement de son corps. Dans cette optique, la femme peut décider, librement en son âme et conscience, d'opter pour une contraception, autre que le « coitus interruptus », et pour l'avortement, si elle juge que celui-ci est nécessaire. Nul, personne ou religion, n'a le droit d'influencer les décisions concernant son corps.

4. Au-delà du droit à l'intégrité physique, la femme a le droit au respect de sa vie intime. Faire l’amour n’est pas un devoir conjugal, encore moins pour procréer. Même si cela parait incongru pour certains esprits conservateurs, le « viol » existe au sein d’un couple marié. Rien, ni personne, ne doit obliger la femme à choisir de jouer des premiers rôles de simulation à la When Harry Met Sally, ou de prostitution à la Pretty Woman. La position du missionnaire n’est pas forcément la meilleure, ni celle de Basic Instinct d’ailleurs. Le Kâmasûtra est comme le mode d’emploi d’un réfrigérateur, on s’en passe allégrement. Il y a d’autres options pour la femme, fort heureusement, comme celle d’être elle-même et d’inviter son homme à s’occuper aussi de ses désirs, le plus simplement au monde, dans la joie et la bonne humeur, avec plaisir et amour, et en toute harmonie.

5. Afin de se débarrasser de l’esprit machiste de certains hommes, il faudrait commencer par libérer les esprits de certaines femmes de l’engouement pour les pratiques machistes justement ! Tiens par exemple, une femme libanaise peut inviter un homme au restaurant, ce n’est pas un affront. Elle peut tenir la porte à l’homme qui la suit, ce n’est pas dégradant, et ça épargnerait son nez. Avis général à diffuser massivement !

6. Ce ne sont pas uniquement les hommes qui entravent la parité hommes-femmes, mais c’est aussi certains magazines féminins ! Il n’y a qu’à les feuilleter, pour s’en convaincre, ils entretiennent tous les « clichés machistes » sur les femmes. Il ne suffit pas de parler du dernier roman de Marc Lévy pour gommer toutes les niaiseries débitées au fil des numéros.

7. Rien ne justifie les inégalités aux niveaux social et politique. Une femme gagne moins qu’un homme, pour le même travail, toutes choses égales par ailleurs, même en France (-10%). Cette pratique doit être sanctionnée plus sévèrement par la loi. Au niveau politique, c’est un désastre. Le sex ratio (nombre d’hommes / nombre de femmes) est de 124/4 au Parlement libanais, 30/0 au gouvernement libanais, alors qu’il est de 105/100 à la naissance et 95/100 entre 15 et 64 ans pour les libanais en « âge de députation ». Cherchez l'erreur! Dans l’état actuel de l’évolution des mentalités libanaises, il est impératif d’imposer des quotas au niveau des candidatures aux partis politiques libanais, aussi bien pour les élections nationales que pour les élections locales.

8. Désolé, mais je ne pense pas que le monde serait dans un meilleur état s’il était dominé par les femmes
, avec moins d’inégalités et de guerres, plus de fraternité et de prospérité. Ce sont de plaisantes spéculations. Je crois, c’est un avis subjectif, personnel et masculin, il ne serait pas forcément meilleur, ni pire d’ailleurs, il serait juste différent. Ceci étant, je ne suis absolument pas contre d'essayer quand même cette juste différence.

9. Je jure, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer, je n’ai rien de personnel contre Michel Aoun, mais de grâce j’implore les influents, les sages et les éminences grises du Courant patriotique libre, d’en dire un mot au général, pitié, qu’il congédie la députée du Kesrouane, Gilberte Zouein, qui brille depuis des lustres par son mutisme, et qu’il lui trouve une remplaçante. Je lui serais infiniment reconnaissant ! Je jure sur la tête à claques du minus-présentateur-conservateur Joe Maalouf, wou ana 7orr, de m’abstenir de critiquer son mouvement politique dans mes dix prochains articles !

10. « This is a man's world, this is a man's world; but it wouldn't be nothing, nothing, without a woman or a girl » (« C'est un monde d'hommes, c'est un monde d'hommes ; mais il ne serait rien, rien, sans une femme ou une fille »). Et c'est vrai ! It's A Man’s Man's Man's World, James Brown (1966).

jeudi 7 mars 2013

« Un plein d’essence à moins de 1$ ? Oui, mais... » Hugo Chavez, triste mort pour un triste bilan (Art.122)


El comandante n’y est plus. Parti après une brève lutte avec « haïdek el marad » (« l’autre maladie ») comme on dit dans nos contrées superstitieuses -au Levant, on n’ose pas nommer le « cancer »- ou emporté par une « maladie suspecte », un cancer de la région pelvienne, comme on dit dans les contrées paranoïaques -au pays des mollahs, là où on se complaît dans les théories du complot ! Une mort qui est pleurée par le « fidèle » des Fidel Castro, par les « frères » Mahmoud Ahmadinejad et Hassan Nasrallah, ainsi que par « l’ami » Vladimir Poutine -on n’a pas encore osé annoncer « cette grande perte de ce leader unique » à Bachar el Assad himself- mais qui laisse les dirigeants occidentaux plutôt indifférents. De Paris à Londres, on insiste sur le fait que l’homme a « marqué l’histoire et les esprits ». Les Assad ont eux aussi marqué l’histoire et les esprits, toutes comparaisons gardées, bien entendu. La diplomatie pudique est fascinante, n’est-ce pas ? Hugo Chavez ne sera sans doute pas regrettée par les Etats-Unis. Barack Obama a choisi lui de se tenir aux côtés des Vénézuéliens. C’est pour dire ! Une chose est sûre, une page se tourne pour ce pays d’Amérique latine.  

La moindre des choses qu’on puisse dire à son sujet c’est que Hugo Chavez était une personnalité controversée. Une grande partie de son peuple le pleure sincèrement car il faut l’avouer il a bel et bien réduit la pauvreté dans son pays et entrepris des actions « ambitieuses » telles que l’augmentation du pouvoir d’achat de ses compatriotes, un meilleure accès aux produits alimentaires, l’augmentation des allocations sociales, la redistribution des terres agricoles, l’augmentation des logements, la nationalisation de certains secteurs, l’interdiction de la culture des OGM, la mise en place d’une banque de semences, l’interdiction de la pêche intensive, la baisse de la dette publique, une lutte contre analphabétisme, etc. Impressionnant. Il faut dire que le Venezuela venait de loin. Mais est-ce qu’il faut s’arrêter là pour autant ? On aurait du mal, même si on le souhaite ! Sur les autres plans, le bilan Chavez est beaucoup moins glorieux.

Par où commencer ? On a l’embarras du choix. Passons tout d’abord sur le gaspillage de l’argent publique dans des programmes utiles mais à l’efficacité douteuse, comme disent ses propres adversaires. De l’argent, il y en a, ou disons pour simplifier, le problème n’est pas là. Dans le pays où le plein d’essence à la pompe coûte moins d’un dollar (ça fait rêver n’est-ce pas ?), la population est confrontée à de graves pénuries alimentaires de lait, de sucre et d’œufs par exemple. Un paradoxe affligeant ! Qui en est responsable ? Le populiste Chavez en attribuait la responsabilité aux mystérieux-spéculateurs-capitalistes-des-multinationales-de-ces-affreux-impérialistes-de-cols-blancs. Evidemment, comme si Hugo Chavez n’était qu’un planton d’une association d’élevage de Lama sur un plateau perdu de la cordillère des Andes !

14 ans au pouvoir laissent des traces, beaucoup de traces même ! D’abord, dans les institutions de l’Etat. Chavez a donné au « népotisme » tout son sens ! Des dizaines de membres de la famille Chavez ont été placé à des postes clés aussi bien au niveau régional que national. Cela va de la nomination des frères comme ministre et secrétaire d’Etat, au placement des cousins ici et là, à la tête de la juteuse Petroleos de Venezuela entre autres. On retrouve aussi les traces d’Hugo Chavez dans les manipulations constitutionnelles. Deux exemples concrets. En 2007, il a fait voter la « loi d'habilitation révolutionnaire », qui lui permettait de gouverner par décrets sans passer par le Parlement ! Le rêve de tout esprit totalitaire. Eh bien, peut-être le président égyptien Morsi s’en était inspiré l’année dernière. Un autre exemple. A la fin de son 1er mandat (2006), il pensait modifier la Constitution pour se faire élire comme « président à vie » et lors de son 2e mandat (2009), il l’a vraiment fait modifier, supprimant la limitation de deux mandats, afin de pouvoir se représenter pour un 3e mandat de 6 ans ! Ah, il a dû s’inspirer de notre champion de natation, Emile Lahoud, ancien président de la République libanaise!

Et comme avec tout despote digne de ce nom, la liberté de la presse a dû en pâtir. Aujourd’hui, le Venezuela est classé 117e dans ce domaine par Reporters sans frontières (le Liban est à la 101e place !). Sous les présidences Chavez, des dizaines de stations de radios et de chaines de télévision ont été forcées par des moyens divers de cesser d’émettre. Des attaques furent organisées contre certaines chaines d’information dérangeantes. Tenez, pour vous faire sourire, un beau matin, le ministre de la communication d’Hugo Chavez accusa Globovision, une chaîne d’information privée de Caracas, de « diffuser des images subliminales appelant à l'assassinat du président vénézuélien ». Si si, il a fumé la moquette avant ! On aurait bien ri à gorge déployée si par la suite les locaux de la chaine n’ont pas été attaqués par des manifestants pro-Chavez ! Par ailleurs, sachez qu’aux dernières élections présidentielles, el comandante s’est auto-octroyé 3h/j de discours populistes en tant que chef d’Etat sortant, laissant à son adversaire, Henrique Capriles, des miettes de 5 min/j.

A charge, il faut aussi signaler que depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez, le taux de criminalité a triplé dans son pays. Le Venezuela est classé au troisième rang mondial pour la criminalité, devant la Colombie même. Caracas, qui compte 3 à 5 millions d’habitants, est la ville la plus dangereuse au monde (122 homicides/100 000 habitants). 

Voyons maintenant sur le plan international. Passons rapidement sur son antiaméricanisme primaire contre « les Yankees de merde » et son antisémitisme notoire contre « les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ », c'est tellement grotesque qu'il vaut mieux ne pas s'y attarder! Hugo Chavez faisait partie de l’axe d’el mouména3a ! De son appui à l’Iran dans le dossier nucléaire (aux côtés de Cuba et de la Syrie), à son soutien indéfectible à Kadhafi en pleine guerre de Libye (il était même prêt à lui offrir le refuge), il n’y avait vraiment pas de quoi pavoiser ! Quant à ses relations avec Bachar el-Assad, elles étaient très étroites. Fournisseur officiel de pétrole au régime syrien, il ne voyait dans la révolution en Syrie qu’une « crise planifiée », comme dans la Libye de Kadhafi, où des « terroristes tentent de renverser le pouvoir légitime de Bachar el-Assad ». Encore un bel exemple de la politique autruchienne !

Mais tout cela n’est rien comparé à l’opacité financière, et la corruption aussi, du régime Chavez ! Avec la hausse du prix du pétrole, l’argent coulait à flot dans les caisses de l’Etat. Et que fait un esprit totalitaire avec cette manne financière dans un pays qui n’est pas du tout structuré, ni individuellement ni collectivement, pour gérer les pétrodollars? Quelques actions spectaculaires par-ci, par-là, des réalisations mal étudiées, bravo, mais encore ? Il crée des fonds à la gestion obscure, pour alimenter des projets mégalomanes, malhonnêtes, clandestins, illégaux, injustifiés et mal gérés, mais aussi acheter, soudoyer et corrompre politiciens, ministres, députés, experts, policiers, juges, journalistes, et j’en passe et des meilleurs! Ainsi, Hugo Chavez a créé de multiples structures étatiques pour « siphonner » les ressources de Petroleos de Venezuela (PDVSA), la Compagnie pétrolière nationale du Venezuela, mais aussi ceux de la Banque centrale vénézuélienne. Vous avez du mal à croire ? Alors concrètement, imaginez par exemple, le chef de « la révolution bolivarienne » a créé le FONDEN, un Fonds de développement national, noble cause n’est-ce pas !, sauf que ce fonds n’est en réalité selon un diplomate en poste à Caracas,  qu’« un objet financier non identifié, un OFNI, une grosse tirelire dont l'usage dépend exclusivement du Président de la République et du ministre des finances ». Et ce n’est pas tout. Le Fonden gère 22 milliards de dollars, sachant que le budget de l’Etat vénézuélien est de l'ordre de 69 milliards de dollars. En somme, près du tiers de l’argent publique dépendait du bon vouloir d’el comandante ! Autre exemple ahurissant, les réserves de la Banque centrale ont été plafonnées à 30 milliards de dollars, afin que l’excédent des entrées qui peuvent atteindre 10 milliards de dollars, soit mis à disposition directe du président ! Hugo Chavez constituait un Etat dans l’Etat ou pour être plus juste, façonnait l’Etat vénézuélien à son gré.

Enfin, petit détail que la presse internationale n’a pas jugé utile de relever, Hugo Chavez était obligé de se soigner à Cuba et non dans son propre pays ! Cela résume bien l’abime de l’échec de cette « figure » socialiste, démagogique et simpliste quand même, de profiter de la manne pétrolière pour transformer le Venezuela en un pays pleinement démocratique, économiquement productive, prospère et à la pointe du progrès. Triste fin pour un triste bilan pour celui qui a régné sur l’ancienne « île de Grâce », comme l’a nommé Christophe Colombe, plus de 14 ans, un pays qui est aujourd’hui, 11e producteur de pétrole au monde, aux réserves qui dépassent, tenez-vous bien, celles de l’Arabie saoudite!

Si j’ai décidé de vous en parler en long et en large c’est parce que l’histoire d’Hugo Chavez m’a interpellé. En m’informant sur el comandante, une question m’a traversé l’esprit. J’avoue que je n’ai pas osé la retenir longtemps prisonnière de mon cortex. Surtout qu’elle a même voulu s’imposer, m’obnubiler, m’obséder, prendre une forme de prophétie, estaghfar-Allah el-Azim. Elle me dérange au point que j’aimerais m’en délester, en la partageant avec vous. Je sais, je ne suis pas sympa de vous faire part de mes craintes. Mais bon Facebook nous lie, pour le meilleur et pour le pire. Voilà, je me lance. Et si donc, ce qui nous attendait, nous autres Libanais, avec la manne des Léviathan et autres gisements d’hydrocarbures géants récemment découverts en Méditerranée orientale et annoncés en grande pompe, était le destin du Venezuela ! Réfléchissez bien le parallélisme est frappant. Ils ont du pétrole, et du gaz, à ne plus savoir quoi en faire (des centaines de milliards de barils), nous aurions du gaz à gogo, et même du pétrole (des milliers de milliards de mètres cubes). Insécurité ? Mais nous y sommes nous aussi ! On a même des milices puissamment armés partout et un Etat qui fait profil bas, même devant quelques racailles armées, ce qu’ils n’ont pas. Là-bas, 20 % de la population n’a pas d’accès à l’eau potable. Chez nous, c’est la totalité de la population libanaise qui a un accès limité à l’eau potable. La liste est longue, le parallélisme est saisissant mais notre temps est compté. 

Alors bref, ma crainte, mon angoisse, mon obsession, ma prophétie, mes cher(e)s ami(e)s, c’est qu’un jour tout proche, nous pourrions faire le plein pour moins de 1$, c’est la bonne nouvelle; la mauvaise étant, je sens mon cœur battre la chamade, pas d’amour ou d’enthousiasme, hélas, mais de peur et d’angoisse, oui ma crainte est qu’un jour, on pourrait faire le plein à moins de 1$, mais au prix de voir en haut de la pyramide de l’Etat libanais, des hommes de la trempe d’Hugo Chavez et des OFNI, Objets Financiers Non Identifiés, surgir de partout pour dilapider ce qui appartient au peuple du Liban et aux générations futures !