mardi 10 juin 2014

Lettres de Walid Joumblatt à Uri Avnery et de Bakhos Baalbaki à Walid Joumblatt. La culture en trompe-l’œil du Beik (Art.234)


Ce qui frappe en premier en lisant l’article d’Uri Avnery, « Rêves de Patagonie », et la réaction qu’il a suscité chez Walid Joumblatt, « Et si... ? Lettre à Uri Avnery », c’est le décalage entre les deux textes. La richesse du premier accentue la pauvreté du second. Rien de plus étonnant, les deux hommes ont des personnalités diamétralement opposées.

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Uri Avnery est un écrivain israélien engagé, âgé de 91 ans, fils de juifs allemands immigrés en Palestine à l'âge de 10 ans (1933), éditorialiste aux quotidiens Haaretz (1949-1950), Haolam Hazeh (jusqu’en 1993) et Maariv (actuellement). Il fut député à la Knesset un certain temps (années 60 et 70). Il dénonce les exactions israéliennes depuis les années 50. Ses écrits critiques lui ont valu d'être passé à tabac par des hommes d'Ariel Sharon (1953). Il crée en 1993 le mouvement Gush Shalom (Le bloc de la paix) et milite depuis avec beaucoup de courage, contre vents et marées, pour la création d’un État palestinien, le retour aux frontières de 1967, la partition de Jérusalem entre Israël et la Palestine et l’évacuation des colonies israéliennes. Rien ne le fait écarter de ses convictions profondes.

Walid Joumblatt est un politicien opportuniste libanais qui a commencé sa carrière politico-milicienne en 1977 en présentant ses lettres de créance à Hafez el-Assad, l’assassin de son père, Kamal Joumblatt, en moins de quarante jours. Zappons sa tranche de vie en tant que « seigneur de la guerre » -qui a exprimé sa grande joie à l’assassinat de son adversaire Bachir Gemayel en 1982 et qui a reconnu publiquement que sa milice a exécuté des adversaires libanais au cours de la guerre civile- c’est de l’histoire ancienne. Ses derniers faits d’armes, c’est d’avoir ôté le pouvoir des mains du camp du 14 Mars (Saad Hariri était le Premier ministre), pour le remettre entre les mains de la milice chiite du Hezbollah en janvier 2011, et d’avoir misé sur Bachar el-Assad de l'été 2008 à l’été 2011, en croyant pendant des mois que le dernier tyran des Assad avait la capacité d’écraser la révolte syrienne. Il n’a vraiment changé de camp que lorsque le compteur des morts est passé à cinq chiffres. Le 21 janvier 2011 par exemple, Walid Joumblatt avait déclaré texto : « Je confirme la position de mon parti de se tenir aux côtés de la Syrie et de la résistance (auto-désignation du Hezbollah) ».

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Pour enrichir son texte, Walid Joumblatt a eu recours aux fioritures rédactionnelles, la culture en trompe-l’œil. Il a parsemé sa lettre de quelques clichés bon marché et un peu d’humour et a cru sans doute que le tour était joué. D'entrée en matière, il nous explique que « (sa) préférence (à l'époque de ses études universitaires) allait à l'histoire, quand bien même nous étions obligés d'assister à des matières stupides comme la psychologie et l'économie, auxquelles je réussissais à peine ». Ya Walid ya 3einé, la bienséance recommande de ne pas dire « c’est dégueulasse » d’un plat dont la saveur nous est répugnante, mais d’exprimer son dégoût plutôt par un « je n’aime pas ». Le fait que tu étais un cancre en psychologie et en économie à l’AUB, ne t’autorise pas à qualifier ces deux matières de « stupides », surtout que des millions de personnes de par le monde ont fait de ces deux disciplines leurs métiers. Walao, ya Beik ! En tout cas, la psychologie m’a permis depuis longtemps de te cerner et de faire l’économie de bâtir mes plans sur tes sables mouvants.

Tiens au passage, ne t’étonne point que je laisse tomber le vouvoiement d’usage. Étant socialiste, progressiste de surcroît, je suis sûr que le contraire t’aurait offensé. Et puis n’oublions pas, tu gâches le paysage politique libanais depuis que j’ai ouvert les yeux au monde, alors cette familiarité s’impose d’elle-même.

Donc, il semble que l’un des « cours (universitaires)  les plus mémorables porta un jour sur la prise de Constantinople par Mehmet II le Conquérant, racontée avec une émotion et un sensationnalisme dignes d'Apocalypse Now de Coppola ». Ça alors ! Dans « Apocalypse Now », le film de Coppola, il n’y a pas de sensationnalisme, qui désigne la recherche d'un effet spectaculaire immédiat dommageable au sérieux de l'information ou à la réflexion ». Non, mais franchement, est-ce que Francis Ford Coppola a cherché un effet spectaculaire dommageable au sérieux d’Apocalypse Now et à la réflexion autour de ce film ? C’est à se demander si tu as vraiment vu le film ! Par contre, dans ton article, toi, tu sembles bien chercher le sensationnalisme. Ah, si !

Tiens, justement. « Roxelane (...) avait convaincu Soliman le Magnifique (...) de se débarrasser de son fils aîné. Mustafa avait été étranglé sous les yeux de son père. Agatha Christie en aurait fait un superbe roman. Mais il n'y avait pas d'Orient-Express à cette époque. » Là aussi, tu nous sors une blague qui tombe illico presto dans les eaux du Bosphore. N’importe quel quidam de ce monde sait que dans les romans d’Agatha Christie, l’identité de l’assassin n’est révélée que grâce au travail méticuleux et à l’ingéniosité du personnage belge, Hercule Poirot, contrairement au meurtre de Mustafa, où il n’y avait rien à révéler. Ce genre de pratique renvoie plutôt à la tragédie et à la mythologie gréco-romaines. 

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Poursuivons notre lecture. « Le cours en vint malheureusement à finir, et avec lui l'empire au bout de 500 ans de domination, Zeine (le professeur de Walid Joumblatt) évoquant tristement l'ultimatum de Lloyd George : L'Empire ottoman doit cesser d'exister. » Encore une référence bâclée à l’histoire. Personne n’est dupe, tu veux insinuer que ce sont les grandes puissances occidentales, l’Angleterre et la France en l’occurrence, qui ont dépecé sauvagement un Empire ottoman en parfaite bonne santé et qui ne faisait de mal à personne. 

Mais cher Walid, cet Empire -que tu sembles regretter par ce « tristement », dont la présence dans cette phrase ne doit rien au hasard, sans doute par gratitude envers des pachas qui ont octroyé à ta famille le titre ottoman de « beik »- était un « homme malade » depuis le 19e siècle déjà ! Pire encore, l'homme malade avait misé sur le mauvais cheval durant la Première Guerre mondiale, l'Allemagne. Et le pire de tout, c'est que l'Empire ottoman était vraiment un homme complètement malade au sens propre du terme.

La famine qui a frappé les populations libanaises durant la guerre de 1914, notamment les communautés chrétiennes, et qui étaient provoquées par les autorités ottomanes qui confisquaient les récoltes des paysans autant que par les saletés de sauterelles, n’est peut-être pas une raison suffisante à tes yeux pour empêcher l’Empire ottoman d’exister. L’écrasement des soulèvements arabes contre leur colonisateur non plus (comme en témoignent les exécutions de la place des Canons à Beyrouth en 1916, la place des Martyrs d’aujourd’hui). Mais enfin, tu ne penses pas qu'un « Empire » qui s’autorise à déporter et à exterminer 1,2 million de ses sujets, les chrétiens arméniens entre 1915-1916 (2/3 des Arméniens de l’actuel Turquie), bien avant la prise de fonction de David Lloyd George comme Premier ministre du Royaume-Uni à la fin de 1916, n’a plus de légitimité d’exister ? Et c’est sans trop de regret, puisque cela a permis au Liban et à d'autres pays, de s’affranchir du joug ottoman, et à la Turquie d’Atatürk de naître des cendres d'un Empire en déclin qui n'en finissait pas d'agoniser.

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Le meilleur est toujours pour la fin. « C'est là que l'emplacement de ‘Der Judenstaat’ a fini en Palestine, au lieu d'être en Patagonie, contrairement, il semble, à la volonté de Theodor Herzl. » Faux et très approximatif. Certes, cette anecdote sur la volonté des premiers "sionistes" de créer une colonie plutôt qu'un État en Patagonie (Argentine) -sur laquelle s’est étalé Uri Avnery dans son article du 31 mai, et autour de laquelle Walid Joumblatt a construit le sien- est une information méconnue même du public israélien. Mais, le leader libanais comme le journaliste israélien se perdent en long et en large sur un petit détail insignifiant de l’Histoire, pour sous-entendre que les dirigeants israéliens ont tout fait pour cacher cette vérité au peuple israélien pendant plus de cent ans. Ça frôle la théorie du complot !

N'importe quel quidam féru d'histoire connaît le Projet Ouganda. Devant les difficultés de créer l’État des Juifs en Palestine, sur un territoire de l'Empire ottoman qui n'y était absolument pas favorable, Theodor Herzl a envisagé en 1903 sur une proposition britannique d'implanter un foyer juif "temporaire" dans la région d'Ouganda (8 000 km² appartenant au Kenya actuellement), alors sous mandat de sa majesté (l'idée fut de nouveau proposée par Winston Churchill himself!). Alors la question qui se pose serait de savoir pourquoi a-t-on caché le Projet Patagonie et pas le Projet Ouganda ? Et puis, pourquoi les Israéliens auraient-ils plus honte du Projet Patagonie que du Projet Ouganda ? Mais enfin, pourquoi le Projet Patagonie ternirait plus l'image de Theodor Herzl que le Projet Ouganda ?

Le délire israélo-libanais d'Avnery-Joumblatt ne colle vraiment pas. La piste patagonne, qui était une idée mort-née, comme la piste ougandaise et les pistes égyptienne et américaines -ah oui, vous ne dites pas qu’Israël a failli naître dans le désert du Sinaï ou en Amérique du Nord (idée évoquée par le grand-père du "sionisme", Léon Pinsker, dans l'Autoémancipation, publié à Berlin en 1882)!- devaient être toutes des solutions temporaires et qu'elles furent écartées aussitôt, au profit de la seule piste palestinienne.

A propos, il simpliste de présenter Theodor Herzl, le fondateur du mouvement sioniste, comme tu l'as fait toi et ton ami israélien, comme un Juif qui détestait la Terre Promise, afin d'expliquer pourquoi il était pour la création du Foyer national juif en Patagonie. Sachez tous les deux que l'idée de favoriser l'immigration juive en Argentine revient au baron Maurice de Hirsch et non à Theodor Herzl. Par l'entremise de la Jewish Colonization Association, ce riche bavarois a aidé à partir de 1891, à l’installation en Argentine des Juifs européens qui fuyaient les persécutions. Il n'a jamais été question d'en faire un État même si l'association possédait à la mort de son fondateur plus de 1 000 km² en Argentine où vivaient plusieurs milliers de nouveaux immigrés.

Après une entrevue avec le baron en 1895, Theodor Herzl aurait même exprimé son désaccord à ce projet. Et lorsqu'il publia son livre Der Judenstaat (L’État des Juifs) l'année suivante, le journaliste austro-hongrois précisa clairement ses préférences pour l'implantation géographique de cet État. Pour convaincre ses interlocuteurs, il n'y va pas de main morte: « Pour l'Europe, nous formerons là-bas un élément du mur contre l'Asie ainsi que l'avant-poste de la civilisation contre la barbarie ». Et lorsqu’il exposa le Projet Ouganda au 6e Congrès sioniste de Bâle en 1903, à cause des difficultés ottomanes, il a tenu à préciser que « l'Ouganda n'est pas Sion et elle ne sera jamais Sion... Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite s'assèche ». Theodor Herzl a d'ailleurs exprimé le souhait d’être enterré "là-bas". Dans tous les cas, dire que Herzl détestait Jérusalem, comme l'a fait ton ami Avnery, est faux, et comme à l’accoutumée, Walid Joumblatt, tu esquives l’essentiel.

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En te lisant, Libanais et Arabes ont dû se forger une très bonne opinion sur Uri Avnery, en grande partie méritée sans aucun doute. Certes, « ton » ami israélien est un fervent militant pour la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, et il est de ce fait, digne de ton amitié. Il est pour la solution des deux États, comme toi d’ailleurs. Tu as même précisé l’été dernier « qu’il serait préférable de ne plus rattacher le conflit (israélo-arabe) jusqu'à l’éternité aux slogans caducs du type ‘‘la Palestine du Jourdain à la Méditerranée’’... semblables d’ailleurs aux théories fallacieuses de la Moumanaa. Laissons donc les Palestiniens décider eux-mêmes du sort de la Palestine. » Que des positions louables de part et d’autre, pourvu que tu restes sur cette idée ! Mais, là où toi tu joues l’autruche en ce qui concerne le problème des réfugiés palestiniens dans les pays arabes, notamment au Liban, ton ami Uri propose des solutions concrètes. Étant donné la gravité du sujet, au lieu de faire diversion et bonne figure avec ta lettre, tu aurais mieux fait de parler à tes compatriotes du « plus inextricable et explosif des problèmes laissés par les événements de 1948 », pour reprendre le constat de l’historien israélien, Benny Morris.

Gush Shalom, le mouvement créé par Uri Avnery, a présenté au public israélien en 2001 des idées pour établir une paix israélo-palestinienne basée sur le principe des « deux peuples, deux États ». Ces idées contrastes avec les opinions communément admises dans la société israélienne sauf au sujet des réfugiés palestiniens. 
« Les deux parties établiront une Commission vérité d’historiens - israéliens, palestiniens et internationaux - qui examinera les causes précises qui ont conduit à la création du problème (de réfugiés) dans tous ses aspects. » Ah bon, il faut une commission d’historiens pour comprendre les causes de la Nakba, le « désastre » de 1948 ?A-t-on vraiment besoin d’un comité d’historiens et de trois ans de recherches pour connaître les causes de l’exode de 750 000 des 900 000 Palestiniens de Palestine entre 1947 et 1950 (84 % de la population palestinienne !), pour évaluer les mesures discriminatoires qui ont été appliquées dès 1948 par les nouvelles autorités israéliennes (pour empêcher par tous les moyens le retour des habitants originaires de la Palestine dans le nouvel État d’Israël) et pour comprendre l’objectif des destructions massives de 90 % des villages palestiniens de la Palestine de l’époque ? Cette affirmation, décevante de la part d'un partisan de la paix comme Uri Avnery. Mais, pourquoi pas, c'est une excellente idée.

Continuons. « Israël reconnaît le principe du droit au retour comme un droit humain essentiel. Selon ce droit, tout réfugié se verra accordé le choix de choisir entre la compensation et l’installation permanente dans un autre pays, le retour dans l’État de Palestine ou le retour en territoire israélien ». C’est là où ça se corse ! Alors examinons ces choix. Quel réfugié palestinien, parmi les 5 millions qui ont ce statut officiel, vivant dans des conditions misérables dans les pays hôtes (1/3 des réfugiés palestiniens vivent dans 58 camps, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Cisjordanie et à Gaza), acceptera cette « compensation » pour solder son différend avec Israël ? Et puis dis-moi, toi qui es membre de l’Internationale Socialiste, quel pays du monde est aujourd’hui prêt à accueillir des milliers de vieux « réfugiés palestiniens » alors qu’ils rechignent tous à en prendre quelques « réfugiés syriens » tout frais ? À propos, beaucoup de descendants de réfugiés palestiniens, ne sont pas inscrits auprès de l’UNRWA et sont déjà installés loin de la terre de leurs ancêtres : 500 000 en Arabie saoudite, 400 000 au Koweït, 200 000 aux États-Unis, 100 000 en Égypte, etc. Alors, tu crois vraiment que ces pays vont encore ouvrir leurs frontières aux réfugiés palestiniens ? Enfin bref, on voit bien que les deux premières propositions d’Uri Avnery et de Gush Shalom sont une mascarade. Elles n’ont aucune chance d’aboutir. Encore des propositions en trompe-l’œil pour se donner bonne conscience.

Voyons maintenant les deux dernières. « Dans le but de cicatriser la blessure historique et en tant qu’acte de justice, Israël autorisera le retour sur son territoire d’un nombre donné de réfugiés, qui sera décidé par un accord. Ces retours seront autorisés selon un quota annuel dans une limite de temps de 10 ans. » Mais enfin, ce n’est pas de l’aumône dont il est question, mais de justice ! Un quota sur 10 ans ? Admettons. Combien au juste ? Mystère et boule de gomme. Ah si, soyons honnête le chiffre de 100 000 retours en tout et pour tout fut avancé par certains dirigeants israéliens. Je rappelle, il y a 5 millions de Palestiniens inscrits comme « réfugiés » auprès de l’UNRWA, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Encore une couleuvre à avaler, ma heik ya Beik ?  

Enfin, essayons de résumer la situation pour un extraterrestre fraîchement débarqué sur Terre : les dirigeants sionistes s’autorisent depuis plus d’un siècle, jusqu’à nos jours, à faire immigrer en Israël des ressortissants juifs du monde entier, des gens qui n'ont aucun lien avec la Terre sainte depuis des siècles, mais refusent même à ceux qui ont été expulsés en 1948 et 1967 de retourner sur leurs terres et dans leurs maisons, ainsi qu'aux descendants, même de la première génération, de retourner sur les lieux de naissance de leurs parents ! 

Outre le problème moral de justice que pose une telle équation, mais au fait, que deviendront les réfugiés palestiniens qui ne rentreront pas dans ces quotas décennaux ? Il ne reste qu’une seule solution : leur implantation dans les pays d’accueil, el tawtinn, dans l’intérêt suprême de l’État d’Israël ! Ainsi, l’ami israélien de Walid Joumblatt, Uri Avnery, et son mouvement pacifiste, Gush Shalom, proposent indirectement l’implantation des Palestiniens dans les pays arabes. Il se trouve que nous avons 447 000 réfugiés palestiniens au Liban, auxquels il faut rajouter plus de 50 000 réfugiés palestiniens de Syrie et 1 000 000 de réfugiés syriens ! Aujourd'hui, un tiers des habitants du Liban sont réfugiés. Par ailleurs, on dénombre 2 071 000 de réfugiés palestiniens en Jordanie, 517 000 en Syrie, 754 000 en Cisjordanie et 1 240 000 dans la bande de Gaza.

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Walid Joumblatt a décidé de terminer sa lettre à Uri Avnery avec de l'humour. « Bien sûr, personne ne sait ce que le pape a bien pu dire à Dieu (...) Mais il a aussi dû Lui dire : Grâce à vous, Seigneur, et grâce aux "et si..." de l'histoire, Peres et Netanyahu ne sont pas en Patagonie. Sinon, ils auraient colonisé le reste de l'Argentine et j'aurais peut-être été aujourd'hui un réfugié, quelque part en Amazonie, au lieu d'être le Saint-Père. » Oh il y a de quoi sourire, mais le contexte grave rend cette blague moins drôle. Face à cette réalité désolante concernant l'approche d'Uri Avnery sur la question des réfugiés palestiniens, le beik ne trouve rien à dire, à part nous étaler une culture historique en trompe-l’œil et nous sortir une blague à cinq piastres. Encore un héritage ottoman désuet. 

jeudi 5 juin 2014

À 2 millions de réfugiés syriens au Liban, Nouhad Machnouk démissionnera. En attendant, ô Libanais, démerdez-vous ! (Art.233)


Ah si, l’événement vaut la peine qu’on s’y arrête un instant. Je ne pensais pas écrire une suite si rapidement. Je suis à la bourre d’ailleurs. Mais, il y a péril en la demeure. Dear friends, figurez-vous que miss anonymous source, la dénommée Scarlett Haddad, a consacré deux articles consécutifs en deux jours, hier et avant-hier, dans L'Orient-Le Jour, au ministre libanais de l’Intérieur, faucon des paillettes, pie au pays des palabres, arrit 7aké fi belad 7art el7aké, Nouhad Machnouk. Et vas-y que je t’en remets une couche ! Le résultat est pire qu’un mille-feuille étouffe-chrétien. Comme d’habitude avec ses lubies, là aussi, la miss badda tcharrebna yeha bel ma3el2a. Il ne fallait pas plus à certains esprits cyniques et sarcastiques, metel ma7soubkoun, pour estimer que la cote de celui qui n’en finit pas de faire du pied et les yeux doux à Hariri, wlak la soud 3youno lal cheikh Saad, à la bourse présidentielle, el général magheiro, augmente sensiblement en ce moment. Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas ? Vous avez tort, la fin de l’article en dit long. « Il (Nouhad Machnouk) précise toutefois, par souci de donner un caractère libanais à cette élection (présidentielle libanaise), qu'il est impossible d'élire un président sans l'accord du général Aoun (...) Une phrase sibylline que chacun peut interpréter à sa convenance. » Parole de faucon, ma heik ?

L’autre info qui m’autorise à retenir votre attention encore quelques minutes, ce sont les déclarations de notre ministre de l’Intérieur sur la pagaille de la journée électorale syrienne au Liban le 28 mai et le casse-tête des réfugiés syriens au pays où coulaient jadis le lait et le miel. On apprend via la miss que « M. Machnouk précise à cet égard que sa décision a une portée stratégique et elle s'inscrit dans la volonté de protéger le Liban des retombées de la crise syrienne. » Oui sauf que "sa décision" n’a pas été appliquée. La preuve ? Vous ne saurez jamais combien de "faux réfugiés syriens" ont été radiés des listes de l’UNHCR à leur retour de Syrie. Wait & see !

On apprend aussi à travers ces articles promotionnels que « le ministre de l'Intérieur est choqué par le nombre grandissant de Syriens au Liban (...) M. Machnouk reste convaincu que le conflit en Syrie risque de durer longtemps encore. » Mais alors bordel, pourquoi il se contente de rafistolage alors que l’heure est aux décisions efficaces ? On apprend également que Nouhad Machnouk rejette « la thèse selon laquelle ce serait le 14 Mars – et le courant du Futur en particulier – qui aurait au départ favorisé leur entrée au Liban pour les enrôler contre le Hezbollah et en pensant qu'il s'agit d'une affaire de quelques mois puisque le régime devrait s'effondrer au plus vite. » Soit ! Mais, gouverner c’est prévoir, mon cher monsieur. Et qui n’est pas capable de prévoir, peut planter des patates dans la Bekaa, ou s’adonner à la culture de hachichit el keif dans les plaines de Bakhos et de Baal, une activité toute indiquée pour notre ministre de l’Intérieur puisqu’il est pour sa légalisation, voire pêcher la sardine en Méditerranée, pour qui n’aime pas l’agriculture, mais pas gouverner ! Wlak ya jamé3a, gouverner ce n’est pas seulement palabrer à longueur de journée, c’est avant tout prévoir et prendre les décisions les plus appropriées.

À propos, pour celles et ceux qui ont été bloqués par les embouteillages du 28 mai, voici de quoi vous hérisser le poil et vous enrager de bon matin. Le ministre de l'Intérieur a rappelé à la miss de l’OLJ que « son ministère a facilité l'opération de vote des Syriens présents au Liban à l'ambassade de Syrie ». Je rappelle à ceux qui ont raté le début de mon article, que l’entretien est avec Nouhad Machnouk, ministre libanais de l’Intérieur, le « faucon » du 14 Mars et du Futur. Vous n’en croyez pas vos yeux, attendez la suite. Nouhad Machnouk pavoise torse bombé et en apnée en précisant que « sans l'aide de son ministère, cette opération ne se serait pas déroulée avec un tel succès. » Je rappelle à ceux qui ne suivent pas l'actualité du Moyen-Orient de près que la dite "opération" du ministre libanais de l'Intérieur désigne la mascarade électorale présidentielle syrienne au Liban, une démonstration de force des pro-régime syrien pour introniser Bachar el-Assad, le dernier tyran des Assad sur une Syrie en désoation et meurtrie par 162 000 morts. Faut le faire pour un "faucon" du 14 Mars ! Yé3né, kattir kheirak ya zalamé. Il faut le décorer notre ministre de l’Intérieur et l'exporter à d’autres républiques bananières ! Ya 3aïb el choum, comme on dit au Liban, comment a-t-il osé sortir une ânerie de cette taille ?

Le bouquet, ah oui c’est le bouquet comme vous le verrez, je l’ai gardé pour la fin. Mieux vaut s’assoir avant de lire la suite. « Certes, dit-il, les Syriens sont nos proches, mais s'ils continuent d'affluer ainsi au Liban, il n'y aura bientôt plus de pain à partager. S'ils atteignent le chiffre de deux millions au Liban, je démissionne de mon poste car c'est inacceptable pour un pays d'avoir sur son territoire un nombre d'étrangers équivalant à la moitié de sa population. » La wlo, pliz ma ta3méla fina ! C’est consternant. Ils parlent comme n'importe quel observateur des évènements et non comme un décideur influent, ministre de l'Intérieur de la République libanaise. Enno léch mesta3jil, ma fhémna?  On se demande vraiment pourquoi est-il si pressé, alors qu’on a encore beaucoup de marge ? Enno, 1 000 000 de nouveaux résidents syriens en plus de 1 500 000 résidents syriens déjà installés, pour 4 200 000 habitants, faut pas faire tout un plat, on a largement le temps d'agir ! Lamentable. Le peuple libanais est au bord de l’explosion sociale et économique, car leur pays ne peut tout simplement pas gérer la présence de 2 millions de résidents syriens et palestiniens sur son sol, et voilà que leur ministre de l’Intérieur se donne une confortable marge d’action, 1 000 000 de personnes de plus, et dort sur les lauriers de ses rafistolages du 1er juin, alors que son gouvernement, qui est dirigé par Tammam Salam, 14Mars-Futur, doit prendre immédiatement trois mesures radicales :

1. Rétablissement de la frontière et des contrôles de police entre le Liban et la Syrie.
2. Suppression de la libre circulation des ressortissants syriens entre le Liban et la Syrie.
3. Création de camps de réfugiés en territoire syrien !

Tout ce qui est en dehors de ces trois mesures, n’est que palabres au pays des palabres, et n’est d’aucune efficacité pour limiter le nombre de résidents syriens au Liban. Les rafistolages du gouvernement de Tammam Salam et du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, concernant les réfugiés syriens au Liban, auront non seulement de graves conséquences sur la vie quotidienne à la fois des Libanais et des Syriens, mais ils détérioreront également les relations entre les deux peuples à l’avenir. Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, plus aveugle que celui qui ne veut pas voir et plus irresponsable que celui qui ne sait pas ou ne veut pas prendre les bonnes mesures à temps.

Réf.
Réfugiés syriens au Liban : la situation exige des camps en territoire syrien ! Les rafistolages de Nouhad Machnouk (Art.232) / Bakhos Baalbaki

mardi 3 juin 2014

Réfugiés syriens au Liban : la situation exige des camps en territoire syrien ! Les rafistolages de Nouhad Machnouk (Art.232)


Certains compatriotes ont cru naïvement que l’alternance apporterait un peu d’espoir. Il faut croire que c’est mal parti. Quelle que soit leur couleur politique, il est navrant de constater que la majorité des responsables de ce pays se montrent encore incapables de prendre les bonnes mesures politiques à temps, deux contraintes qui semblent difficiles à réunir pour un politicien libanais. Le cas Nouhad Machnouk constitue aujourd’hui un exemple parlant. On le prenait pour l’homme des décisions difficiles. Il s’est avéré être un politique rouillé comme d’autres. En moins de 100 jours, il a dilapidé tout le crédit dont il disposait auprès d’une frange des sympathisants du 14 Mars. Morceaux choisis d’un parcours semé d’erreurs, la plus grave étant celle prise avant-hier concernant le casse-tête des réfugiés syriens au Liban.

Peu de temps après sa prise de fonctions, le ministre de l’Intérieur, un représentant officiel de l’État libanais, membre du courant du Futur par ailleurs, foire magistralement son entrée au gouvernement en se laissant photographier dans son ministère à la fin du mois d’avril, à sa demande svp, présidant une réunion avec tous les chefs de sécurité du pays en compagnie de Wafic Safa, « monsieur sécurité » de cette milice illégale du Hezbollah qu’il fustigeait quelques semaines auparavant, accusée de l'assassinat de l'ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri. Bonjour la cohérence ! Si, si, il y a une cohérence contrairement à ce que certains pensent. Le « faucon » n’est en réalité qu’une « pie » au pays des palabres. Il faut dire que Nouhad Machnouk, a toujours reconnu l’intérêt des armes de la résistance contre Israël. Pire encore, le faux faucon reconnait aujourd’hui que l’intervention de la milice chiite en Syrie, a permis de contenir le terrorisme des djihadistes sunnites au Liban. Selon sa logique, on pourrait donc dire qu'elle est légitime ! En tout cas, la photo souvenir de Nouhad Machnouk n’est pas une image comme les autres. Elle a rappelé amèrement aux Libanais, les coordinations du temps de la guerre civile et de l’occupation syrienne, entre l’armée libanaise et les services de sécurité d’une part, et les troupes d’occupation syriennes et les diverses milices libanaises d’autre part, avant toute action du gouvernement libanais sur le terrain. Beaucoup se sont souvenus grâce à Nouhad Machnouk, que la souveraineté de la République libanaise est toujours privatisée et ce n’est pas avec un Premier ministre et un ministre de l’Intérieur issus des rangs du 14 Mars, un camp qui ne cesse de s’afficher comme souverainiste, que les choses changeraient radicalement de sitôt. Faut pas rêver ! 

Quelques semaines après, le 28 mai, Nouhad Machnouk brillait par son imprévoyance, ce qui est plutôt fâcheux pour un ministre de l’Intérieur. Ce jour-là, devait se dérouler l’élection présidentielle syrienne pour les ressortissants de l’étranger, interdite dans de nombreux pays arabes et occidentaux, dont la France et l'Allemagne, mais autorisée au Liban, malgré les tensions entre les communautaires libanaises à cause de la guerre civile en Syrie et la présence massive de ressortissants syriens au Liban. Alors que le Liban accueille près de 1,5 million de Syriens, dont les 2/3 seulement sont enregistrés auprès de l’UNHCR, les (ir)responsables de la tyrannie des Assad n’ont installé qu’un seul bureau de vote au Liban, dans l’ambassade syrienne de Yarzé. Le pire, c’est que le ministre libanais de l’Intérieur n’a rien trouvé à dire. Bilan des courses, dès les premières heures de la matinée, des dizaines de milliers de Syriens se sont rués vers la banlieue Est de Beyrouth. Avec arrogance et provocation, ils ont paralysé les principaux axes routiers du Liban pendant des heures. Malgré la gravité des faits, le ministre de l’Intérieur, grande gueule d’habitude, n’a pas jugé utile de s’expliquer devant ses compatriotes, notamment ces dizaines de milliers de Libanais happés dans la tourmente de ces embouteillages montres pendant une grande partie de la journée. Et finalement, ce sont les diplomates du régime syrien qui ont pris l’initiative, à la fois de reporter l’heure de fermeture du bureau de vote à minuit et d’organiser une deuxième journée électorale, ce qui a permis de desserrer l’étau sur la population libanaise. Pendant ces 48 heures, les Libanais ont eu l’impression que leur ministre de l’Intérieur était tout simplement aux abonnés absents.

Et puisque le ridicule ne tue pas la carrière des politicards libanais, hélas !, 24 heures après, la « grande gueule » restée grande muette sur la gestion calamiteuse de la procédure de vote des ressortissants syriens au Liban, l’ouvre à outrance lors du Conseil des ministres en usant ses cordes vocales graves contre Boutros Harb. Alors que le juriste du Batroun -reconnu et respecté comme tel par ses amis comme par ses adversaires, un des artisans de l’accord de Taëf, donc il savait très bien de quoi il parlait !- exposait gentiment et démocratiquement son avis sur les prérogatives du gouvernement en cette période délicate de vacance présidentielle -en expliquant pourquoi selon la nouvelle Constitution libanaise issue des réformes de Taëf, le Premier ministre Tammam Salam ne pourra pas convoquer le Haut Conseil de Défense et signer certains décrets à la place du président de la République- la « grande muette » Nouhad Machnouk, a retrouvé subitement sa langue avalée la veille, pour accuser son collègue d’être « communautaire », l'insulte suprême au pays des 18 communautés. Wlak ya ma3alé elwazir elkarim, chou khas toz bé marhaba ? Vous vous demandez comme moi, mais bordel, quel est le rapport et pourquoi un homme comme Nouhad Machnouk a pu sortir une énormité de cette taille ? A bien y réfléchir, je crois qu’il faut chercher ce rapport au fond des sillons cérébraux du ministre de l’Intérieur. C’est parce que Boutros Harb est « chrétien maronite », et que la vacance actuelle concerne le poste « chrétien maronite » du président de la République libanaise, et parce que le Premier ministre Tammam Salam, qui hérite des prérogatives du Président de la République, est « musulman sunnite », il n’en fallait pas plus pour le député « musulman sunnite » de Beyrouth pour accuser gratuitement un éminent juriste libanais d’être « communautaire », et de lui balancer, « baisse ta voix », « tais-toi », j’en passe et des meilleures. C’est du beau, n’est-ce pas ?

Toujours est-il qu’on apprend par hasard au même moment, que le ministre de l’Intérieur a viré un responsable de sécurité de la région du Kesrouan, un proche de Samir Geagea, dont dépend la sécurité du QG de l’homme le plus menacé du Liban, le chef du parti des Forces libanaises, à Meerab, parce qu’un journaliste karakoz mais imbu de lui-même, fort mécontent, lui aurait demandé d’éloigner ce représentant officiel de l’État libanais qui avait l’audace de ne pas fermer les yeux sur les irrégularités dans la construction de sa nouvelle villa. Une histoire digne de toute république bananière qui se respecte. On dit que l’affaire s'est réglée "à la libanaise", le capitaine a été bel et bien relevé de son poste conformément à la volonté déplacée du ministre de l’Intérieur d’exaucer le vœu de ce journaliste, mais qu'un proche des FL fut nommé à sa place.


Et pour couronner ses 100 premiers jours au gouvernement, Nouhad Machnouk a prévu ce weekend -décision avalisée par le comité ministériel chargé d’étudier les mesures nécessaires pour diminuer l'exode syrien au Liban, qui comprend le Premier ministre, Tammam Salam, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Gebrane Bassil- qu’à partir du 1er juin, tout Syrien qui se trouve actuellement au Liban et qui se rendrait en Syrie aujourd’hui, afin de participer à la mascarade présidentielle syrienne, ou qui rentrerait un autre jour pour une toute autre raison, ne pourra plus revenir au Liban et prétendre au statut de « réfugié », puisque cet aller-retour signifierait que sa vie n’est plus menacée en Syrie. Le ministre prévoit aussi de rejeter la demande de tout Syrien qui viendrait d’une région éloignée de la frontière libanaise ou épargnée par les combats. Ces mesures ont reçu l’aval de l’UNHCR. Il s’agit sans aucun doute d’une excellente initiative, mais largement insuffisante, pour ne pas dire dépassée. D’abord, parce que ces mesures n’ont pas encore été avalisées par le Conseil des ministres. Ensuite, parce que leur mise en œuvre a toutes les chances d’être renvoyée aux calendes grecques, comme le prouvent les premières informations en provenance des postes frontaliers en cette journée électorale. Les contrôles sont non seulement en deçà de ce qui se fait habituellement, mais en plus, la Sûreté générale faciliterait les chassés-croisées des réfugiés-résidents-électeurs. La décision du ministre de l'Intérieur semble être restée 7ebir 3a waraq. Enfin, parce que Nouhad Machnouk ne dit pas, et pour cause, il n’y a pas de quoi pavoiser, que les Syriens en question « ne pourront plus revenir prétendre toujours au statut de réfugié ou être acceptés comme tels s’ils viennent de régions épargnées par les combats », mais qu’ils pourront (re)venir au Liban quand même, quand bon leur semble. Ah, si ! Pathétique. Et après, certains s’étonnent que les problèmes du Liban ne font que s’empirer.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement de Tammam Salam devrait savoir qu’avec un régime syrien qui reprend du poil de la bête à la 4e année de la guerre, ce qui laisse présager encore de longues années de conflit et de désolation en Syrie, ce n’est pas ce genre de rafistolages qui permettraient à notre pays de faire face au casse-tête de la présence syrienne massive au Liban et ses graves conséquences socio-économiques. Plus d’un million de « réfugiés syriens » officiels et des centaines de milliers de « résidents syriens » non enregistrés auprès l’UNHCR, avec 1 200 campements sauvages, répartis sur tout le territoire libanais, pour une population de 4,2 millions d’habitants traumatisée par l’expérience d’un demi-million de réfugiés palestiniens en suspens depuis 66 ans, exigent des mesures immédiates, efficaces et d’envergure.

Il est temps, grand temps et même tardif déjà, de créer des camps de réfugiés IMPÉRATIVEMENT en territoire syrien, et non en territoire libanais, non seulement pour les Syriens et les Palestiniens de Syrie qui fuiront la guerre civile syrienne à l’avenir, mais surtout, pour héberger une partie des 1,5 million de Syriens et de Palestiniens qui sont déjà installés au Liban. Le gouvernement de Tammam Salam doit rétablir immédiatement les frontières du Liban avec la Syrie, ainsi que les contrôles de police, et supprimer du coup la libre circulation des ressortissants syriens entre le Liban et la Syrie, avant de mettre la communauté internationale en demeure : à défaut de la création de ces camps, le Liban serait contraint de fermer ses frontières avec la Syrie. Ce point ne devrait pas être négocié avec la communauté internationale mais imposé à cette dernière. Qui n’en veut pas, sous le couvert d’hypocrites considérations humanitaires, n’a qu’à ouvrir ses frontières aux réfugiés syriens comme le fait le Liban sans aucune restriction depuis plus de 3 ans ! Pour l’instant, le pays du Cèdre subit les événements comme tout pays faible et qui ne souveraineté. Cette mise en demeure est le seul moyen d’espérer secouer une communauté internationale qui se contente depuis le 15 mars 2011 de belles paroles et de quelques "misérables" aides financières, largement insuffisantes par rapport aux besoins réels, afin de se donner bonne conscience. Ce qui s’est passé le 28 mai au Liban est un signal d’alarme pour les Libanais. L’heure n’est plus aux rafistolages gouvernementaux, justement pour des raisons humanitaires, sociales et économiques. Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, plus aveugle que celui qui ne veut pas voir et plus irresponsable que celui qui ne sait pas prendre les bonnes mesures à temps. À défaut, il faut s’attendre à de plus en plus d’initiatives privées racistes et xénophobes à l’encontre des paisibles populations syriennes installées au Liban, à l’instar du couvre-feu mis en place actuellement à Borj Hammoud et le clash entre des ressortissants libanais et syriens dans cette même localité de Beyrouth.