jeudi 10 novembre 2016

Triomphe de Donald Trump ou l'histoire d'une farce prévisible mais inavouable (Art.401)


Hélas, la majorité du peuple américain n'a pas fait preuve de maturité démocratique et de dextérité politique dans l'élection présidentielle. Ce n'est pas la première fois diraient certains. Mais enfin, le devoir citoyen exigeait des 231 millions d'Américains qui étaient appelés aux urnes mardi, d'assurer à Hillary Clinton un franc succès et d'infliger à Donald Trump une défaite cuisante, afin d'épargner aux Etats-Unis, au monde et à l'histoire une présidence qui s'annonce pour le moins inquiétante. C'est l'inverse qui s'est produit.



I. Le stage obligatoire de Donald Trump chez Barack Obama

Il est trop tôt pour disserter sur « Le monde selon Trump », le président élu ne prendra ses fonctions que le 20 janvier 2017. On ne sait jamais, d'ici là, il pourra être rappelé par le Créateur pour le Jugement dernier. En attendant, il devra effectuer un stage obligatoire mais non rémunéré à la Maison Blanche. Barack Obama tentera d'expliquer au stagiaire-septuagénaire la fonction présidentielle avant de lui remettre les codes des 4 717 têtes nucléaires dont disposent les Etats-Unis avec le mode d'emploi bien entendu, en lui faisant bien comprendre à quel point c'était irresponsable de sa part de se demander il y a quelques mois, « Pourquoi les Etats-Unis fabriquent-ils des armes nucléaires si ce n'est pas pour les utiliser? », et encore plus crétin de laisser entendre qu'il pourra être amené à larguer une arme nucléaire sur le Moyen-Orient comme sur l'Europe. Eh oui, c'est ce bouffon qui va « Make America great again ». Wait & see, hein?

Donc, ce qui est intéressant en cette période transitoire, c'est d'essayer de comprendre comment le peuple américain fut contraint et forcé d'élire un président aussi controversé que Donald Trump?

II. L'usure du pouvoir : facteur déterminant de l'élection du candidat républicain

Parlons d'emblée de ce paramètre négligé, mais qui explique en partie comment un homme pas sérieux, peut se retrouver à la tête du pays le plus puissant au monde. Figurez-vous qu'un de ces paramètres déterminants dans l'arrivée du candidat républicain dans le bureau ovale, est un paramètre que personne ne peut contrôler, il découle de l'usure du pouvoir. Ce n'est pas parce que le pouvoir sortant a été mauvais comme le pensent certains. Barack Obama est un grand président. Le problème ce sont les deux mandats présidentiels démocrates. Si on exclut le contexte particulier de la Seconde guerre mondiale, qui a amené les Américains à recourir à un gouvernement d'union nationale (eh oui, il n'y a pas qu'au Liban!) et à élire le candidat démocrate Franklin Roosevelt à quatre reprises (1933-1945, dont deux durant la guerre), la dernière fois que les Démocrates ont conservé la présidence plus de huit ans, remonte à 1829, à la création du parti démocrate moderne. Depuis que les deux partis rivaux s'affrontent dans l'élection présidentielle (1857), et hormis le cas particulier de Roosevelt pour les Démocrates (mort en 1945 un mois avant la fin de la Seconde guerre ; c'est un autre démocrate qui lui succédera, son vice-président Harry Truman ; il sera reconduit à son poste lors des élections de 1948, permettant aux Démocrates de garder la présidence pendant 20 ans, 1933-1953), ce sont les Républicains qui ont réussi à quatre reprises svp, à se maintenir à la Maison Blanche plus de huit années consécutives. Autre élément intéressant qui explique le bol de pendu de Donald Trump, réside dans le fait que depuis 1857, les Américains ont élu 12 présidents démocrates pour 72 ans et 18 présidents républicains pour 88 ans. Les différences étant significatives, on peut conclure que l'usure du pouvoir est un paramètre déterminant dans les alternances politiques des présidences américaines.

III. La revanche raciale : un autre facteur déterminant dans l'élection de Trump

Un autre paramètre n'a pas été évoqué avec franchise, alors qu'il était tout aussi déterminant dans cette élection, c'est la « revanche raciale ». Beaucoup d'Américains ont été indisposés par l'élection d'un président noir à la tête des Etats-Unis, Barack Obama, qui a de surcroit, un second prénom arabo-musulman, Hussein, deux couleuvres qu'ils n'ont pas pu avaler en huit ans de mandat. Les campagnes de calomnie auxquelles a participé activement Donald Trump, sont allées jusqu'à présenter le 44e président des Etats-Unis comme étant né à l'étranger et de confession musulmane. Trump connaissait très bien ce précepte de propagande d'auteur inconnu et attribué à Hitler: « Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété dix mille fois, il devient une vérité ». Encore en 2015, la moitié des Républicains et un peu moins du tiers des Américains pensaient qu'Obama était un Musulman né à l'étranger. Pire encore, près de 2/3 des partisans de Trump croient ces allégations. Et à l'arrivée on apprend, d'un côté, que 55% des Américains blancs qui se sont exprimés mardi, ont voté pour Trump (41% seulement pour Clinton), et de l'autre côté, 65% des Américains hispaniques et asiatiques, ainsi que 88% des Américains noirs, ont voté pour Clinton (8% seulement pour Trump). Il est donc évident que le vote Donald Trump représente en partie une revanche raciste, xénophobe, anti-noir et islamophobe.

IV. Est-ce la faute de la démocratie, du suffrage universel et du peuple américains?

Cela étant dit, certaines personnes ont pointé du doigt la faute de la démocratie, du suffrage universel et du peuple américains. Eh oui, comme l'a dit Winston Churchill, « le meilleur argument contre la démocratie est fourni par une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen ». La preuve par dizaines de millions, hein ? Bon, ce n'est pas parce que l'électeur moyen pour l'ancien Premier ministre britannique est un imbécile qui s'ignore -quoique, rien ne l'interdit- mais plus parce que celui-ci n'a pas une approche globale et approfondie des problèmes. Il est par nature égocentrique et isolationniste. Il veut des solutions simples et rapides. Pour le séduire, la meilleure stratégie électorale reste incontestablement le populisme. Et dans ce domaine, Donald Trump excelle. D'ailleurs, d'après les enquêtes d'opinion réalisées à la sortie des urnes, 51,5% des Américains non diplômés ont voté pour Trump contre 44% pour Clinton. Par contre, chez les Américains diplômés de l'enseignement supérieur, le candidat républicain ne séduit que 37% à 45%, alors que la candidate démocrate rafle 49% à 58% des voix. Dans le même sens, les électeurs des grandes villes ont préféré Hillary Clinton à 59% (contre 35% pour Trump), alors que ceux issus des campagnes ont fait exactement l'inverse: 62% ont choisi le candidat républicain et 34% la candidate démocrate. Les électeurs type de Trump sont des hommes blancs, peu diplômés, qui habitent dans des milieux ruraux, alors que les électeurs type de Clinton sont diplômés et résident dans des milieux urbains. Bon, on s'en doutait. 

Ceci dit, je partage l'avis de Churchill, encore lui : « Personne ne prétend que la démocratie est parfaite ou omnisciente... On a pu dire qu'elle était la pire forme de gouvernement à l'exception de toutes celles qui ont été essayées au fil du temps ». Néanmoins, le suffrage universel indirect, avec des disparités entre les Etats, pose problème: Hillary Clinton a obtenu plus de voix au niveau nationale (48%), mais grâce au système électoral, c'est son rival, Donald Trump, qui remporte la majorité des « grands électeurs » (306 sur 538 pour Trump, contre 232 pour Clinton), qui éliront officiellement le nouveau président américain le 19 décembre. C'est la 5e fois que ce paradoxe électoral arrive dans l'histoire américaine. Il est donc évident que ce mode de scrutin ancien, selon le principe "winner-takes-all" (où le gagnant remporte tous les délégués prévus pour l'Etat), n'a plus de raison d'être de nos jours. Il privilégie les petits Etats ruraux, qui votent traditionnellement pour les Républicains. Il peut se justifier dans le cas de la composition d'une Assemblée législative, afin de dégager des majorités nettes pour gouverner. Pour une élection présidentielle, les Américains devraient opter plutôt pour un système plus juste et plus simple, comme par exemple le suffrage universel direct, comme cela se fait dans beaucoup de démocraties du monde : les électeurs s'expriment et on comptabilise les voix.

Ainsi, ce n'est pas tant la démocratie et le peuple qui ont posé problème. C'est plutôt une grande partie des médias qui ont fait défaut, qui n'ont pas vraiment fait leur boulot ou pire encore, qui l'ont mal fait. Un seul exemple pour l'illustrer. Lorsqu'à deux mois du scrutin, et pendant 24 heures svp, le seul thème de campagne était la pneumonie d'Hillary Clinton et son malaise vagal, comment pouvait-on espérer le triomphe du politique sur le populisme mardi ? Il y a quinze ans, on n'aurait consacré que trois lignes sur une info inutile, qu'on aurait reléguée d'ailleurs, en bas de la 13e page du journal ! Hélas, les médias sont tombés facilement dans le piège de Donald Trump. Le candidat républicain est celui qui a dépensé le moins d'argent au cours de cette course présidentielle, les deux camps confondus. Il n'en avait pas besoin pour faire parler de lui. Il était omniprésent dans les journaux, les radios et les télés, grâce à des polémiques populistes savamment choisies et naïvement relayés par les médias.

V. Les casseroles de la candidate démocrate

A ce propos, il est évident que la façon dont le FBI s'est immiscé indirectement dans la campagne présidentielle et les fuites orchestrées par les services de Poutine via Wikileaks, ont joué un rôle important dans la défaite d'Hillary Clinton. Mais là aussi, le vrai coupable n'est pas le FBI ou Wikileaks, mais la candidate démocrate elle-même. Certes, elle n'a pas été poursuivie par la justice dans les deux affaires des emails. Mais enfin, on ne peut pas faire avaler au peuple américain la couleuvre qu'envoyer des milliers d'emails -2 000 estampillés « confidentiel », 65 estampillés « secret » et 22 estampillés « top secret »- d'une messagerie privée et non gouvernementale, quand on est Secrétaire d'Etat du pays le puissant au monde, n'est pas une « négligence extrême », comme l'a précisé le rapport du FBI. Mais quoi encore, elle n'avait qu'à utiliser Hotmail et Gmail comme tout le monde! Idem, on ne peut pas non plus faire avaler au peuple américain la couleuvre que recevoir à l'avance les questions qu'on allait lui poser lors de débats face à Bernie Sanders, disposer de la stratégie confidentielle de son rival pour séduire l'électorat afro-américain et savoir que la direction du Parti démocrate et ses « super délégués » n'étaient pas neutres au cours des primaires et roulaient pour elle, enfin, que toutes ces manigances politiciennes, ne s'inscrivaient pas dans le registre de la malhonnêteté !

Et puisqu'on y est, comment pouvait-on espérer qu'à l'heure où le monde n'a toujours pas fini avec la menace terroriste de Daech (Etat islamique), le fait qu'elle ait soutenu et autorisé George W. Bush à ouvrir la boîte de Pandore au Moyen-Orient via l'invasion et l'occupation de l'Irak par l'armée américaine en 2003, sans jamais manifester de regrets et présenter des excuses francs et sincères, soit effacé de son CV comme si de rien n'était, faisant de l'ex-Secrétaire d'Etat une candidate crédible ?

Ainsi, il était évident que les casseroles d'Hillary Clinton allaient faire beaucoup de bruits durant cette campagne, la rendant inaudible pour une frange d'Américains. Pire encore, ces casseroles semaient le doute dans les esprits sur sa capacité à prendre des hautes responsabilités. Or, il ne faut pas beaucoup pour pour perdre une élection, 1% d'électeurs qui s'abstiennent, votent blanc ou votent pour un adversaire, c'est un total de 2,3 millions de voix de moins à l'échelle nationale.

VI. Hillary Clinton, la candidate du système, vs. Donald Trump, le candidat illusionniste

Faisons maintenant des zoom in & out et regardons un peu nos deux candidats. D'une part, on avait Hillary Clinton, une candidate du système, ayant une longue carrière politique, comme Première dame, sénatrice et Secrétaire d'Etat, proche des milieux financiers, dont le passage au pouvoir est marqué par des erreurs. De l'autre côté, se tenait Donald Trump, un candidat illusionniste, qui n'a jamais eu à assumer la moindre responsabilité politique, une star de reality show pendant dix ans, un homme d'affaires à ses perdues, un self made man né avec une cuillère en argent dans la bouche, un fils à papa qui a bénéficié d'une cagnotte d'un million de dollars pour démarrer dans la vie, un piètre businessman avec quatre banqueroutes à son actif dont le désastreux projet "Trump Taj Mahal". Le candidat républicain se présente comme étant un homme hors du système, se voyant même comme anti-système alors qu'il est en réalité dans le système et qu'il ne doit sa survie financière que grâce aux lois américaines sur les faillites et aux banques. En un mot, il est le milliardaire sans scrupules (une fortune estimée à 4,5 milliards de dollars), qui a réussi à faire croire qu'il est proche du peuple américain et de ses préoccupations de base. Une chose est sûre et certaine, sans l'émission de télé-réalité The Apprentice ("L'apprenti", un titre ironique prémonitoire pour assumer la fonction présidentielle!), diffusée sur la chaine NBC (longtemps n°1), dans laquelle il a joué son propre rôle d'homme d'affaires entre 2004 et 2015, ce qui lui a permis d'entrer dans tous les foyers américains à moindre frais et sans effort (avec une audience pouvant se situer entre 20 et 40 millions de téléspectateurs), Donald Trump n'aurait jamais, au grand jamais, pu décrocher l'investiture républicaine. Eh bien, nous pouvons remercier les dirigeants visionnaires de NBC pour ce service rendu aux peuples du monde entier. On se serait bien passé !

Ce sont des étiquettes peut-être, mais en politique, les étiquettes sont souvent indécollables. En tout cas, c'est comme ça que tous les deux étaient perçus par beaucoup d'électeurs américains. Certes, sur tous les thèmes de campagne (économie, emploi, santé, sécurité, immigration, politique étrangère, etc.),
Hillary Clinton apparaissait plus responsable pour la classe intellectuelle. Mais que pouvait-on faire face à un populiste de la trempe de Trump quand on traine autant de casseroles comme Clinton? Rien, absolument rien. C'était le combat de David contre Goliath. Son issue était prévisible.

Le magnat de l'immobilier est un opportuniste démagogue sans vergogne qui a tout fait pour devenir président, en essayant même d'y parvenir à travers le Parti démocrate, c'est pour vous dire. On peut dire même que son parcours politique est à la limite de l'imposture : il a même financé la campagne d'investiture démocrate d'Hillary Clinton en 2008, afin de barrer la route à Barack Obama. Toujours dans l'imposture, même son slogan, « Make America great again », est emprunté à l'ancien président américain, Ronald Reagan. 

Donald Trump succédant à Abraham Lincoln, c'est sans doute l'histoire d'une farce qui a mal tourné. Que peuvent avoir en commun, le 16e président des Etats-Unis d'Amérique, un des grands présidents américains, qui a su préserver l'union des Etats-Unis et a mis fin à l'esclavage, et ce 45e président, qui sème la haine dans les esprits et divise profondément la société américaine et le monde ? L'Histoire le dira. Dans tous les cas, Donald Trump semble avoir mieux compris qu'Hillary Clinton, ce qu'Abraham Lincoln voulait dire par « la démocratie c'est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

VII. Pour battre un populiste comme Donald Trump, il fallait l'antidote du populisme, Bernie Sanders

Après le blocage de la campagne présidentielle au début du mois de septembre sur le malaise vagal de la candidate démocrate, et son exploitation par le candidat républicain, j'avais écrit dans l'article, « Bernie Sanders, au secours : il y a deux 'malades' dans la course à la Maison Blanche », que ce qui s’était passé ce weekend était un signe du destin. « L’ignorer comme si de rien n’était et il sera forcément de mauvais augure. Pour gagner face à un démagogue de la trempe de Trump, il faut soit être plus populiste que lui, soit avoir son antidote ». Ainsi, pour fermer la parenthèse Trump, nous n'avions que deux options: « soit Hillary Clinton devient plus populiste que Donald Trump, soit elle doit passer le relais à Bernie Sanders, son antidote ». Il était évident pour moi que « l'homme qui veut humaniser les Etats-Unis et le monde, Bernie Sanders, est le mieux armé pour battre Donald Trump ». Il était le candidat préféré des jeunes. Or, on sait que mardi, le vote des moins de 45 ans a beaucoup pesé dans la balance. Certes, la performance de Clinton était bonne, mais 37% des 18-29 ans et 42% des 30-44 ans ont quand même fait confiance à un réactionnaire inconsistant comme Trump. Un autre paramètre a pesé aussi dans la balance, et qui aurait dû pousser les démocrates à choisir Bernie Sanders, c'est le revenu des électeurs. Plus de la moitié des électeurs qui ont voté mardi et qui gagnent moins de 50 000 $/an (52%), ont choisi la candidate démocrate, sauf que Bernie Sanders avait la capacité de faire probablement mieux en mobilisant beaucoup d'abstentionnistes jeunes et de la classe moyenne.

Dans ce sillage rappelons que le taux de participation à l'élection présidentielle américaine était modeste. Seulement 55,6% des 231,6 millions d'électeurs américaines se sont donnés la peine de voter. C'est un idéaliste comme Bernie Sanders, hors du pouvoir et du système, investi et soutenu pleinement par les démocrates, qui avait la capacité de galvaniser les jeunes de 18-34 ans, qui représentent près du tiers de l'électorat américain (autant que les 52-70 ans), dont la participation à l'élection 2008 n'était que de 50% (contre 69% pour les Baby Boomers). 1% de mobilisation en plus, ça aurait été 2,3 millions de voix dans les urnes et Donald Trump renvoyé dans sa tour hideuse. Dommage.

VIII. La faute des électeurs démocrates, du Parti démocrate et de Barack Obama

Par conséquent, ceux qui portent une lourde responsabilité dans cette défaite prévisible et inavouable - mis à part les médias élitistes des Etats-Unis et d'ailleurs qui se sont obstinés à ne pas prendre la candidature de Trump au sérieux, et quand ils l'ont fait, c'était déjà trop tard! - ce sont les électeurs démocrates pro-Clinton, le Parti démocrate dans son ensemble et Barack Obama lui-même. Les premiers, en choisissant un mauvais cheval, le second en privilégiant le mauvais cheval et le troisième en soutenant ce mauvais cheval. L'ex-Secrétaire d'Etat n'aurait même pas dû se présenter aux primaires. Le fait qu'elle soit une « femme », qui a pesé beaucoup dans sa sélection, n'a même pas donné l'effet escompté dans les urnes. Hillary Clinton n'a réussi à séduire que 54% des femmes qui ont voté, alors que 42% d'entre elles se sont reportées sur Trump malgré ses innombrables déclarations sexistes stupides : « Quand tu es une star, elles te laissent faire (les embrasser). Tu peux tout faire, les attraper par la chatte, tout faire. » ; « Ce qu'elles disent n'est pas important, tant qu'elles ont un joli petit cul »; « Oui, elles (les femmes qui avortent) doivent être punies et l'avortement doit être interdit »; « Changer les couches des bébés, c'est le travail d'une épouse ».

En tout cas, les trois entités ont sous-estimé l'allergie que suscite Hillary Clinton chez une frange de la population anti-Trump. Il y a un chiffre qui reflète bien un manque d'enthousiasme pour Hillary Clinton, c'est le taux de participation dans les fameux « swing states », ces Etats indécis qui peuvent basculer d'un côté ou de l'autre. Dans l'Etat du Nevada, remporté par Hillary Clinton, la participation était de 58,4%, près de 3% de plus que la moyenne nationale. Par contre, en Floride, Ohio et Caroline du Nord, remportés par Donald Trump, la participation était respectivement de 64%, 61,7% et 63,5%. Eh oui, qui arrive à mobiliser 1% des électeurs, s'assure de disposer de plusieurs milliers de voix en plus. A l'échelle nationale, ce sont 2,3 millions de voix, c'est pour dire.

IX. La Terre passe par une ère de réchauffement populiste

La suite, tout le monde la connait. Comme l'a dit un autre grand président américain, Thomas Jefferson : « Une démocratie n'est rien de plus que la loi de la foule, suivant laquelle 51% des gens peuvent confisquer les droits des 49 autres ». Ainsi, nous autres anti-Trump de par le monde, nous devons prendre notre mal en patience. Chaque Américain devra assumer son vote ou son abstention. Il est regrettable de n'avoir parfois que des choix politiques décevants, aux Etats-Unis comme au Liban, en France et ailleurs. Donald Trump, président des Etats-Unis. Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie. Michel Aoun, président de la République libanaise. Recep Tayyip Erdogan, président de la République de Turquie. Rodrigo Duterte, président de la République des Philippines. Et j'en passe et des meilleurs. Il semble que la Terre passe par une nouvelle ère de réchauffement populiste. C'est un des nombreux défis du 21e siècle, les réseaux sociaux aidant, les leaders politiques dans le monde, sont de plus en plus tentés par la démagogie pour accéder facilement au pouvoir et y rester. Nous devons prendre acte. Qui n'est pas satisfait de ce constat et de la situation politique dans son pays, que l'on appartient à de prestigieux médias ou que l'on soit de simples citoyens, doit s'impliquer en politique, d'une façon ou d'une autre, et s'engager sérieusement tous les jours de l'année pour l'améliorer, ne serait-ce qu'en s'informant bien et en diffusant la bonne information. Le populisme ne peut proliférer que dans les esprits où règnent la peur et l'ignorance.