jeudi 25 mai 2017

En concluant des contrats pour 380 milliards de dollars, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis poussent l'Europe sur la route de Téhéran (Art.437)


« Les Saoudiens ne sont rien que des esbroufeurs, des tyrans et des lâches. Ils ont l'argent, mais pas le courage ». Eh oui, c'est l'un des 34 931 tweets de @realDonaldTrump, publié à l'occasion du 13e anniversaire du 11-Septembre. Ce qui se passe actuellement sur le plan géopolitique entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite relève tellement du surréalisme que je peux m'autoriser à introduire cet article par une réplique du film Chat noir Chat blanc, une superbe farce du réalisateur franco-serbe, Emir Kusturica« Comme disent les Bulgares, si tu n'arrives pas à résoudre un problème avec du fric, tu le résoudras avec beaucoup de fric ». Alors, allons-y pour douze réflexions.


 1  POURQUOI LA PREMIÈRE TOURNÉE DE DONALD TRUMP L'A CONDUIT EN ARABIE SAOUDITE ET EN ISRAEL?

Le président américain a réservé sa première tournée internationale à l'Arabie saoudite et à Israël, et non à la France ou à l'Allemagne. Il faut dire que dans ces contrées du Moyen-Orient, Donald Trump était sûr que des manifestants n'allaient pas lui servir un menu politique indigeste à sa descente d'avion : une salade de tomates en entrée, des oeufs comme plat de résistance et de la crème pour le dessert. Il ne risquait rien, ni de la part des populations ni de la part des autorités, du fait du grand soulagement éprouvé dans ces deux pays de voir Barack Obama partir et Donald Trump arriver. Le président américain était d'autant plus motivé de venir en Arabie saoudite et en Israël qu'il existe deux raisons particulières qui l'ont poussé dans ce sens. D'une part, parce qu'il se trouve empêtrer dans un scandale politique sans précédent aux Etats-Unis, à propos de son entrave à l'enquête du FBI sur ses relations avec la Russie avant son élection (au point qu'on commence à parler sérieusement des moyens de déclencher une procédure de destitution à son encontre). D'autre part, parce qu'il possède un vrai business dans ces pays, qui l'a d'ailleurs poussé à exclure les ressortissants saoudiens du « Muslim Ban », alors que 15 des 19 terroristes du 11-Septembre étaient de nationalité saoudienne.

 2  LES PRO-SAOUDIENS JUBILENT, LES PRO-IRANIENS FULMINENT ET ENTRE LES DEUX, UN NO MAN'S LAND

Je l'ai déjà exprimé dans un article récent, au match aller, à la suite de la réception en grande pompe du vice-prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane Al Saoud, ministre de la Défense et fils du roi Salmane, par le président américain à Washington le 14 mars. « Pendant que des Occidentaux se battent contre Trump, le Muslim Ban et le Mexican Wall, l'Arabie saoudite loue le président américain, défend son décret et approuve son mur ». Certes, le coeur a ses raisons que la raison ne connait point. Mais dans un contexte géopolitique, cet adage de Pascal est valable pour les Etats, pas pour les individus, qu'ils soient politiciens, activistes, journalistes ou intellectuels. Voilà pourquoi en Occident, surtout aux Etats-Unis, alors que certains ont hissé Trump au plus haut sommet de l'Etat, d'autres continuent à se battre tous les jours, pour le faire tomber. En Orient, notamment au Liban, depuis samedi, les pro-Saoudiens, anti-Iraniens forcément, jubilent. A l'opposé, les pro-Iraniens, anti-Saoudiens forcément, fulminent. Et entre les deux, c'est un no man's land. Et pourtant, c'est là où beaucoup de gens comme moi s'y trouvent actuellement.

 3  LES RELATIONS ENTRE LES AMÉRICAINS ET LES SAOUDIENS SOUS BARACK OBAMA

La relation entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite est passée par de grandes difficultés sous le mandat de Barack Obama. Ce point explique en partie les démonstrations politiques de ce weekend. Entre Obama et Salmane, il y avait une grande incompréhension. Il faut dire que l'écrasante majorité des dirigeants orientaux sans exception ou presque -des pays du Golfe, aux pays d'entre les deux fleuves et au pays du Cèdre- qui ont une fâcheuse tendance à pratiquer la politique de l'autruche, à refuser de regarder la réalité en face, à fuir leurs responsabilités et à attendre qu'on fasse les choses à leur place, n'ont pas beaucoup apprécié l'extraordinaire lucidité de l'ancien président américain entre 2009 et 2017.

Les critiques acerbes à l'égard d'Obama, sont non seulement injustes mais ils reflètent aussi une certaine ingratitude et une grande méconnaissance des enjeux et des risques dans notre région. Nous devons à Barack Obama trois choses fondamentales au Moyen-Orient.

. Primo, d'avoir débarrassé la région des armes de destruction massive chimiques syriennes. C'est la menace de frappes aériennes en août 2013, après le massacre de Ghouta (près de 1500 morts), qui a forcé le tyran de Damas à se débarrasser de son arsenal chimique et à adhérer à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Si on avait attaqué Assad à l'époque, cet arsenal serait aujourd'hui, disséminé en Syrie, en Irak et au Liban, entre les mains des groupes extrémistes sunnites et chiites, Daech, al-Nosra, al-Qaeda, Hezbollah, etc.

. Secundo, d'avoir mis fin au programme de production d'armes de destruction massive nucléaires iraniennes. Tout autre plan en dehors de l'accord négocié et conclu entre la communauté internationale et l'Iran, des sanctions renforcées ou une intervention militaire, aurait couté beaucoup plus cher, ne serait pas parvenu à neutraliser toutes les installations nucléaires iraniennes dispersées et enfouies, n'aurait pas permis d'envisager des contrôles réguliers des activités iraniennes et surtout n'aurait pas poussé les Iraniens à renoncer au nucléaire militaire au profit du nucléaire civil.

. Tertio, d'avoir à la fois freiné l'expansion de l'Etat islamique et engagé les forces américaines massivement dans le but de son anéantissement. Rappelons dans ce sillage que la généalogie du groupe terroriste : si Daech a deux pères adoptifs -George W. Bush et Nouri elMaliki- et trois mères nourricières -Bachar elAssad, Ali Khamenei et Vladimir Poutine- le groupe terroriste a eu des tantes et des oncles bienveillants via le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie. De tous ces acteurs étrangers, seul Obama a assumé pleinement le rôle néfaste joué par son pays dans l'épanouissement de l'Etat islamique. Pour les autres, soit ils continuent à assurer ce rôle, soit ils continuent à renier de l'avoir jouer un jour.

 4  LES ERREURS DES SYRIENS ET DES PAYS DU GOLFE EN SYRIE

Avant d'accuser Barack Obama de tous les maux, et de ne plus tarir d'éloges sur Donald Trump, présenté comme « un véritable ami des musulmans, qui servira le monde islamique d'une manière inimaginable » (ben Salmane à Washington), tous les acteurs de la scène moyen-orientale devraient se remettre en question. A commencer justement par les pays du Golfe. Leur passivité face à la montée du radicalisme islamique et leurs actions néfastes face aux groupes jihadistes, en Syrie comme en Irak, ont contribué à envenimer la situation. Daech demeure un problème arabe, mais les pays du Golfe ne veulent rien en savoir, aujourd'hui comme hier. Mettre toute la faute sur l'Iran, c'est plus simpliste et bien plus commode. Les Syriens eux aussi, ont commis une triple erreur, fatale, qui leur a couté très chers : d'islamiser leur révolution, de militariser leur révolte et de généraliser leur conflit à tout le territoire syrien. Ils ont été encouragés dans ce sens par les pays du Golfe et la Turquie, obsédés d'en finir avec le régime alaouite de Bachar el-Assad. Pour rien arranger à leur malheur, les Syriens sont restés si divisés et n'ont jamais réussi à s'unir, afin de convaincre le monde qu'ils avaient la force, l'organisation et la capacité nécessaires pour remplacer le régime syrien.

 5  QUAND LE « TONNERRE DU NORD » FAIT PSCHITT

Les manoeuvres militaires qui se sont déroulées en Arabie saoudite
entre le 28 fév. et le 10 mars 2016, ont été présentées comme
le prélude d'une intervention terrestre en Syrie
"Tonnerre du Nord" - Captures d'écran Alaraby TV Network

Il faut rappeler dans ce sillage que l'Arabie saoudite dépense depuis toujours des sommes phénoménales dans le domaine militaire. Son budget annuel se situe entre 57 et 82 milliards de dollars (pour 2016 et 2015). C'est trois à quatre fois celui de la Turquie ou d'Israël (près de 19 Mds $) et six à huit fois celui de l'Iran (près de 10 Mds $). A un moment on a cru que les Saoudiens allaient utiliser cet arsenal pour s'impliquer davantage en Syrie et faire eux-mêmes ce qu'ils souhaitaient faire faire aux Américains. C'était les fameuses manœuvres militaires « Tonnerre du Nord »Il y a un peu plus d'un an, 150 000 hommes venant de vingt pays arabo-islamiques, dont plusieurs pays du Golfe, du Machreq et du Maghreb, se sont livrés à un exercice militaire exceptionnel en Arabie saoudite, destiné à « former les troupes engagées à la lutte contre les forces illégales et les groupes terroristes, sur fond de menaces croissantes et d'instabilité politique dans la région ». Ces manoeuvres militaires furent présentées comme un prélude d'une intervention terrestre imminente en Syrie. Tous les espoirs étaient permis. Mais les saisons sont passées et l'offensive terrestre turco-saoudienne sur Raqqa et sur Damas, tant espérée, a fait finalement pschitt. Alep est tombée et Assad est en passe de reprendre la main sur la Syrie vitale. Finalement, ce sont les forces irakiennes chiites qui ont repris Mossoul et les forces syriennes sunnites kurdes qui foncent sur RaqqaLes Saoudiens eux, se contentent essentiellement de signer des contrats de centaines de milliards de dollars, notamment avec la nouvelle administration américaine, et d'acheter des armes de plus en plus sophistiqués à Trump & Co. Soit, mais c'est pourquoi faire ?

 6  LES PAYS ARABES FONT DE LA FIGURATION DANS LA LUTTE CONTRE DAECH EN IRAK ET EN SYRIE

Il est donc clair que dans ce contexte complexe, surtout avec le recul dont nous disposons aujourd'hui, l'ancienne administration américaine, élue et réélue sur une promesse de désengagement et de retrait du bourbier irakien, ne pouvait absolument pas se précipiter dans le bourbier syrien, encore moins moins avec des hommes aux sols, pendant que les Syriens enchainent les erreurs et les Arabes suivent les opérations à la télé.

Source : Airwars.org
Certes, ces derniers font partie de la coalition internationale qui mènent des frappes sur Daech depuis bientôt trois ans. Le roi Salmane vient encore de l'affirmer ce weekend. « Nous sommes unis pour lutter contre les forces du mal et de l'extrémisme ». Il s'est dit déterminé à « éliminer le groupe Etat islamique et toutes les organisations terroristes, quelle que soit leur religion, leur confession ou leur idéologie ». Soit. Mais les chiffres du terrain ne sont pas du tout à l'honneur de l'Arabie saoudite et des pays du Golfe. En Irak, plus de 2/3 des 12 667 frappes (au 14 mai 2017) ont été assurées par les Américains et 1/3 par les Alliés, sauf que dans les rangs de ces derniers on a beau cherché, on ne retrouve que des pays occidentaux (par ordre décroissant de leur participation: Royaume-Uni, France, Pays-Bas, Australie, Belgique, Danemark, Canada), pas de pays arabes. On pourrait croire que ces derniers se concentrent sur la Syrie, sauf que 95,5% des 8 770 frappes menées dans ce pays, ont été assurées uniquement par les Américains, les Alliés n'ont pris en charge que 4,5% des frappes (soit 395 en tout et pour tout, à partager entre Canada, Australie, France, Royaume-Uni, Arabie saoudite, Emirats, Jordanie, Bahrein et Turquie).

Alors qu'on sait d'une part que les régimes arabes sont plus menacés par l'idéologie islamiste que le reste du monde, et d'autre part, que seuls des forces sunnites pourront éteindre le feu islamiste sous les braises de Daech, on s'aperçoit que la participation des pays arabes à la lutte militaire contre Daech s'apparente à un service minimum pour ne pas dire à de la figuration.

 7  L'INQUIÉTANT « CROISSANT CHIITE » DE LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN

"L'Iran a poursuivi ses activités terroristes
en 2015, comprenant un soutien
au Hezbollah, aux groupes terroristes
palestiniens à Gaza et à divers groupes
en Irak et à travers le Moyen-Orient".

Extrait des Country Reports on Terrorism,
remis par le Secrétaire d'Etat américain
au Congrès et publiés le 2 juin 2016
Ce n'est qu'un secret de Polichinelle, Trump et Salmane se retrouvent pleinement sur l'Iran. Et si les Saoudiens ont déroulé le tapis rouge pour le président américain, c'est parce qu'il a accepté de prendre en compte les préoccupations de l'Arabie saoudite et des pays du Golfe, pays sunnites, concernant l'expansionnisme du « croissant chiite » de la République islamique d'Iran. L'accord sur le programme nucléaire iranien a conduit à la levée des sanctions contre l'Iran, sans aucune contrepartie concernant l'ingérence des Perses dans les affaires des Arabes. Du coup l'Iran n'a pas modifié d'un iota ses plans et ses agissements au Moyen-Orient. Pire encore, le pays dispose d'une manne financière considérable pour les amplifier.

La "Vénus capitoline"
Musées du Capitole à Rome
Photos: David Jones (G) et Alik Sumin (D)
Il faut savoir que Hassan Rohani, celui qui nous semble comme un gentilhomme avec son sourire de grand-père, est pourtant un religieux pudibond qui n'a pas hésité à imposer la burqa à la Vénus Capitoline lors de sa visite à Rome en janvier 2016 (pour 17 milliards d'euros les Italiens ont dit Amen), et à interdire aux convives non-musulmans de boire du vin à table lors de sa visite à Paris (François Hollande n'a pas cédé et le déjeuner fut annulé), mais aussi à augmenter les dépenses militaires sous son mandat, à développer un programme ambitieux de missiles balistiques et de drones armés, et à perfectionner les cyberattaques. Certes, il n'est pas seul aux commandes, mais il est à la tête du pays et de ce fait, il est coresponsable de la politique étrangère nuisible de l'Iran au Moyen-Orient -en Irak, en Syrie, au Liban, en Palestine, au Yémen, et au Bahrein- et de la volonté d'exporter la Révolution islamique chiite dans les pays de la région.

Extrait d'un rapport sur "l'assistance iranienne
aux groupes armés au Moyen-Orient"
, établi par
le Congressional Research Service (31 juil. 2015)
Pour le roi Salmane« le régime iranien est le fer de lance du terrorisme depuis l'avènement de la révolution de Khomeini... il soutient les groupes et les mouvements terroristes comme le Hezbollah, les Houthis, ainsi que Daech, al-Qaïda et d'autres ». Et pour 380 milliards de dollars, Donald Trump est prêt à se mettre au diapason de sa majesté : « L'Iran a nourri les flammes du conflit religieux et du terrorisme... En attendant que le régime iranien montre sa volonté d'être un partenaire dans la paix, toutes les nations dotées d'un sens des responsabilités doivent travailler ensemble pour l'isoler ». Il n'avait nullement besoin d'en faire trop, l'Iran est considéré depuis longtemps par les Etats-Unis, comme un Etat-sponsor du terrorisme au Moyen-Orient. 

 8  DONALD TRUMP A UNE NOUVELLE VISION DE L'ISLAM

Un des grands bénéfices non-matériels de la visite du président américain en Arabie saoudite, réside sans doute dans sa nouvelle vision de l'islam. Fini avec « l'islam nous hait ». Près de 380 milliards de dollars plus tard, Donald Trump pense que la lutte contre le terrorisme « ce n'est pas une bataille entre différentes croyances, sectes ou civilisations... c’est une bataille entre des criminels barbares qui veulent détruire la vie humaine et des gens biens de toutes les confessions qui cherchent à la protéger... c’est une bataille entre le bien et le mal ». Dans ce but, il s'est joint au roi saoudien et au président égyptien, pour inaugurer le Centre mondial pour la lutte contre l'idéologie extrémiste. Excellente initiative, sans l'ombre d'un doute. Certes, le nouveau positionnement de Donald Trump lui fera perdre ses soutiens islamophobes aux Etats-Unis et dans le monde. Mais il peut espérer compenser cette perte grâce aux juteux contrats qu'il rapporte.

 9  A-T-ON EU RAISON DE LEVER LES SANCTIONS CONTRE L'IRAN?

Si la communauté internationale avait décidé d'associer la levée des sanctions à un ensemble de conditions liées uniquement au programme nucléaire -qui devait conduire l'Iran à abandonner toute visée militaire dans son programme nucléaire, accepter des contrôles des installations et limiter le programme civil- c'est justement pour avoir des chances sérieuses de résoudre une fois pour toutes un dossier nucléaire qui traine depuis plus d'une douzaine d'années. Mission accomplie. Par ailleurs, on savait que la levée d'une partie des sanctions était comme une bouffée d'oxygène pour ce pays asphyxié par son isolement. Certes, le régime conservateur des mollahs, dirigé par le Guide suprême Ali Khamenei, pouvait en profiter. Mais, ils n'étaient pas les seuls. Ce sont surtout les réformateurs, représentés par Hassan Rohani, qui pouvaient tirer le meilleur profit de la situation, en prouvant à une partie de la population qui aspire à des jours meilleurs, qu'un accord avec la communauté internationale était dans l'intérêt de l'Iran. Cette partie du plan n'est qu'au début. Et le début est très prometteur. Hassan Rohani a été réélu vendredi dernier. Avec une participation importante, il a récolté 57% des suffrages exprimés. Certes, sur la scène régionale, l'Iran continue à s'ingérer dans les affaires politiques de l'Irak, de la Syrie, du Liban, du Yémen et du Bahrein. Mais c'est justement parce que ce domaine dépend surtout des conservateurs. A l'intérieur de l'Iran, les choses bougent. Les municipalités de nombreuses grandes villes iraniennes, dont Téhéran, Ispahan et Shiraz, viennent de basculer entre les mains des réformateurs et des modérés par exemple.

 10  QUI A INTERÊT AUJOURD'HUI À SABOTER L'ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE IRANIEN ET À BRAQUER L'IRAN?

A ce propos, il est quand même curieux de constater qu'au moment même où le peuple iranien renouvelle sa confiance dans la ligne politique réformatrice de Hassan Rohani, où l'intéressé déclare que « la nation iranienne a choisi la voie de l'interaction avec le monde, loin de la violence et de l'extrémisme »Trump et Salmane ont clairement décidé « d'isoler » l'Iran. Alors pourquoi autant, pourquoi maintenant et pourquoi faire?

Certes, les 380 milliards $ y sont pour beaucoup. Mais le bouffon de la Maison Blanche aurait fait ce qu'on attendait de lui pour beaucoup moins que ça. Il aurait même fait la danse du sabre à Téhéran, si les mollahs avaient remporté les enchères. En réalité, Donald Trump joue à « l'idiot utile » pour trois entités ennemis qui ont tous les trois intérêt aujourd'hui à saboter l'accord sur le nucléaire iranien et à braquer l'Iran : le roi saoudien Salmane, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le guide suprême de la révolution islamique Ali Khameneï.

L'obsession du président américain n'est absolument pas d'ordre géopolitique, elle est plutôt d'ordre politico-économique. Trump espère que les centaines de milliards de dollars rapportés d'Arabie saoudite, augmenteront sa côte de popularité aux Etats-Unis, écarteront pour un moment l'épée de Damoclès de la destitution plantée au-dessus de sa tête et étoufferont le scandale de sa collusion quasi certaine avec la Russie. Dans tous les cas de figure, tout durcissement des relations internationales avec l'Iran, comme l'envisage le trio de la nouvelle alliance, se fera au bénéfice du régime des mollahs, en soudant une population nationaliste et fière contre cette menace externe.

 11  A QUOI SERVIRONT LES ARMES ACHETÉES PAR L'ARABIE SAOUDITE? HÉLAS, À RIEN.

Quant aux armements achetés, on ne peut que se demander où et comment peuvent-ils bien servir? A en croire la Maison-Blanche les contrats militaires serviront à « renforcer la capacité du royaume à contribuer aux opérations antiterroristes dans toute la région ». Ah bon! Où ça, en Syrie? Surement pas, là-bas, l'Arabie saoudite fait de la figuration dans la coalition internationale comme on l'a vu précédemment. En Irak? Ça n'a jamais été le cas, depuis trois ans. Au Liban? Pas la peine de tourner le couteau dans la plaie, ils ont même rechigné à livrer 4 misérables milliards de dollars d'armes à l'armée libanaise, qui combat Daech bien plus efficacement que tous les pays du Golfe réuni. Au Yémen? Ah oui, mais bon, il n'était nullement besoin d'acheter autant. On voit bien, que ces armements ne serviront à rien en pratique, à part à augmenter les stocks et remplir les hangars. Cependant, la Maison-Blanche nous apprend que les contrats conclus devront « soutenir la sécurité de l’Arabie saoudite et de la région du Golfe face aux menaces iraniennes ». Et encore, là aussi, on ne peut qu'en douter. En 1990, face aux menaces irakiennes de Saddam Hussein, malgré tout son arsenal, l'Arabie saoudite a dû se placer sous la protection directe des Etats-Unis.

 12  L'ARABIE SAOUDITE S'OFFRE UNE FORMIDABLE OPÉRATION DE COM' ET UN EXTRAORDINAIRE PLAN D'ACTION, MAIS ELLE PREND UN GRAND RISQUE

Parlons peu, parlons bien. Ce qui s'est passé ce weekend en Arabie saoudite est à la fois une formidable opération de com' et un extraordinaire plan d'action. Avec 380 milliards de dollars, les Saoudiens visent un triple objectif.

. Primo, mettre le président de la plus grande puissance économique et militaire au monde dans la poche et le neutraliser sur la question de l'islam. Ils le font le plus tôt possible, quatre mois seulement après le début du mandat, afin de pouvoir profiter de l'investissement le plus longtemps possible, sur les plans militaire, économique et politique. Mission accomplie brillamment comme le prouvent ces images de Donald Trump dansant avec le sabre côte-à-côte avec Salmane, sur une musique traditionnelle saoudien et se chauffant les mains sur boule lumineux qui a fait fantasmer tous les théoriciens du complot et d'ésotérisme.

. Secundo, jeter les bases d'une relation solide, stable et durable entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis. D'une part, Donald Trump ne restera en place dans le meilleur des cas que près de quatre ans. Il y a des chances qu'il soit destitué avant le terme de son mandat. Il peut être être réélu aussi. Dans tous les cas de figures, en 2025, il ne sera plus aux commandes aux Etats-Unis. D'autre part, pour Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, c'est encore pire. Il fêtera ses 82 ans à la fin de l'année. Il est atteint de la maladie d'Alzheimer. Il est le dernier fils d'Ibn Saoud à régner. Dans peu de temps, il ne sera plus en capacité de gouverner. Il devrait passer le pouvoir sous peu au prince héritier, petit-fils d'Ibn Saoud, Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz, âgé de 57 ans aujourd'hui. Le roi Salmane est conscient que ce changement générationnel comporte de grands risques pour le royaume, car les petits-fils d'Ibn Saoud pourraient avoir du mal à s'imposer comme les fils, du fait des tiraillements internes au sein de la famille royale et des islamistes du royaume. Les ennemis de l'Arabie saoudite, l'Iran et al-Qaeda, seuls ou ensemble, pourraient profité de cette vulnérabilité pour déstabiliser le pays. Il était donc urgent de préparer cette succession et de garantir au successeur, l'appui inconditionnel de la première puissance au monde, les Etats-Unis, quelque soit le président qui sera en place à ce moment, et de lui transmettre un royaume capable de faire face sur le plan militaire à n'importe quelle éventualité.

Ainsi, les « 380 milliards $ » de contrats militaires et commerciaux, et d'investissements réciproques, s'inscrivent pleinement dans le grand projet saoudien « Vision 2030 », un ambitieux programme de réformes économiques et sociales pour transformer l'économie saoudienne. Il faut savoir que dans les détails et dans l'immédiat, les Saoudiens ne s'engagent en réalité que sur 12,5 milliards de dollars seulement pour l'achat d'armes américaines. Pour le reste, on trouve de tout : des dizaines d'accords fermes, de lettres d'intention, de protocoles d'accord non contraignants et beaucoup de souhaits. Voilà pourquoi on peut parler aussi d'une formidable opération de com'.

Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite envisagent la construction par plusieurs géants américains, dont Lockheed Martin, Dow Chemical et General Electric, de plusieurs usines militaires et civiles dans le royaume (comprenant même la fabrication d'hélicoptères militaires et de véhicules blindés), la création d'un fonds d'investissement américano-saoudien pour réaliser des grands travaux d'infrastructures, la mise en route d'opérations de recherche de nouveaux gisements pétroliers, etc. On prévoit aussi pour le géant saoudien des hydrocarbures, Aramco, un plan d'investissement aux Etats-Unis de 12 Mds $ dans le raffinage. Tous ces contrats se traduiront naturellement par la création de milliers d'emploi pour les Saoudiens, mais aussi pour les Américains, et un transfert de technologies à l'Arabie saoudite. Il n'y a pas de doute, l'Arabie saoudite est engagée d'une manière visionnaire et réussie dans l'après-pétrole.

. Tertio, isoler l'Iran sur le plan financier sans avoir à tirer une cartouche. Le message des Saoudiens au monde est aujourd'hui on ne peut plus clair. L'Iran disposera peut-être de beaucoup d'argent à l'avenir, mais nous, on en a davantage, à ne plus savoir quoi en faire et tout de suite. Qui veut en profiter, n'a qu'à apprendre la « danse du sabre » et à prendre la direction de RiyadSoit. Mais ce que les Saoudiens n'ont pas prévu, c'est qu'en voulant impressionner le monde à ce point, ils donnent l'impression qu'ils n'ont plus rien à offrir aux autres. Hélas, ils auraient dû se souvenir que trop est l'ennemi du bien.

Quand on pense que l'Union européenne a ouvert ses frontières à des centaines de milliers de réfugiés, qui sont dans l'écrasante majorité des cas de religion musulmane, que les pays du Golfe n'en veulent pas pour ne pas avoir de problèmes, que les Etats-Unis n'en prennent qu'au compte-gouttes, que Donald Trump ne sait plus comment s'y prendre pour appliquer son « Muslim Ban », et qu'à l'arrivée le gardien des deux Saintes Mosquées se précipite dans les bras du locataire de la Maison-Blanche, réservant aux Américains la part du lion et au reste du monde, des miettes et des clopinettes, on se dit qu'il y a quand même quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette histoire.

Si l'Arabie saoudite ne corrige pas son tir à l'avenir, en réservant aussi à l'Union européenne et aux autres pays occidentaux des parts de lion, il ne faut pas s'étonner d'entendre davantage que dans le passé, de plus en plus de voix dans les pays concernés, réclamant à cor et à cri de se mettre en marche sur la route de Téhéran. Eh oui, l'argent est le nerf de la guerre. C'est valable pour tout le monde.

mardi 9 mai 2017

L'élection d'Emmanuel Macron président de la République française : une « ode à la joie » pour la France, l'Europe et le monde. Réflexions (Art.433)



 1 
 Il faut être mauvaise langue, mauvais perdant ou de mauvaise foi ou les trois à la fois pour ne pas féliciter Emmanuel Macron. Sacré comme le plus jeune président de la République française de tous les temps, depuis 1792 svp, et le plus jeune dirigeant d'une démocratie au monde, son ascension au plus haut sommet de l'Etat en si peu de temps, moins de cinq ans, est tout simplement magistral. Elle fait beaucoup d'envieux et rend certaines personnes hargneuses, un peu trop peut-être. Comme l'a souvent dit François Mitterrand, il faut laisser du temps au temps et tous les grincheux finiront par revenir à la raison. 

La chance inouïe dont il a joui dans sa vie n'enlève rien à son mérite incontestable pour un parcours exceptionnel qui l'a conduit à ce score honorable de 66,1% des suffrages exprimés. Qu'importe le contexte, chapeau! Comme dans une Coupe du monde de football, il n'y a qu'un champion. Aujourd'hui, c'est lui. Qui n'est pas content, n'a qu'à se mettre à l'entrainement. Rendez-vous dans cinq ans.

 2  Indépendamment des détails de son programme politique, il est très tôt de spéculer sur ce point, il faut reconnaître que le nouveau président de la République est un homme brillant. Il l'a très bien démontré lors de son débat mémorable face à Marine Le Pen. Que Collard & Co soient obligés d'imaginer un petit récepteur dans l'oreille de Macron et tout un team au sous-sol du QG du 15e pour lui souffler ce qu'il avait à dire, afin d'expliquer la performance du candidat d'En Marche, résume bien le désespoir des uns et le déni de la réalité des autres face au phénomène Macron. A écouter François Baroin, qui se voyait déjà Premier ministre de François Fillon, et Alexis Corbière, qui se voyait secrétaire général de l'Elysée sous Jean-Luc Mélenchon, commenter les résultats du 2e tour, on se dit que tant que les opposants à Macron n'auront pas compris et pas assimilé la révolution en marche, ils resteront sur le quai. Qu'importe les circonstances de l'élection 2017, une chose est indiscutable aujourd'hui, il y aura un avant et un après le 7 mai 2017

Emmanuel Macron a créé un dynamisme qui oblige tous les protagonistes de l'échiquier français, de Baroin à Mélenchon, et même européen, à mettre leur logiciel politique rayé à jour ou passer pour des ringards de la politique et de l'histoire. Au passage, Baroin fait de la politique depuis 1989 et Mélenchon depuis 1976. Même la fille Le Pen est bien ancrée dans le paysage politique depuis 1993, comme Hamon d'ailleurs. Emmanuel Macron n'a été nommé adjoint à l'Elysée qu'en 2012 et ministre de l'Economie qu'en 2014. Les partis traditionnels n'ont pas le choix. Le nouveau président les met en garde, « le renouvellement de notre vie publique s'imposera à tous » (QG, 7 mai).

 3  Il faut tout de même reconnaître qu'Emmanuel Macron partage sa victoire avec les abstentionnistes du 1er tour qui ont voté pour lui afin de barrer la route au Front national, mais aussi avec le parti Les Républicains et le Parti socialiste, qui ont appelé sans aucune réserve et à la quasi unanimité à voter pour lui, et ceux de la France insoumise qui n'ont pas suivi à la lettre les consignes de leur chef. Il en est conscient et reconnaissant, comme il l'a fait savoir dans ses nombreux appels au rassemblement et à l'unité nationale dimanche soir.

 4  Marine Le Pen ne récolte que les fruits pourris de ce que son parti sème depuis 45 ans. Certes, le populisme et l'extrémisme, séduisent une frange de la population, mais pas la majorité de la nation. Père-fille-nièce, aucun des Le Pen, n'est prêt et digne de présider la République française. Comme dans une Coupe du monde de football, la 2e place n'a aucune valeur, seul le nom du grand vainqueur restera dans les annales et marquera l'histoire. 

Ils ont beau se persuader qu'ils sont "la première force d'opposition", avec 3 parlementaires en tout et pour tout sur 925 députés et sénateurs actuellement, ils ont perdu. Elle l'a mérité haut la main. Avec un score passable de 33,9% des suffrages exprimés, dont une partie est motivée par la vengeance de Macron, et une campagne présidentielle agressive et médiocre, dont on ne retiendra que son débat raté face à Macron, Le Pen aura plus du mal à s'imposer au sein de son parti à l'avenir. 

De nombreux signes ne trompent plus personne l'offensive de Marine Le Pen à peine les premiers résultats étaient connus ("d'engager une transformation profonde de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique"), les appels d'une frange de la base contre un programme jugé trop à gauche et la stratégie de dédiabolisation suivie depuis quelques années (double échec), le changement du nom du parti annoncé par Florian Philippot (le FN "n'aura plus le même nom"), aussitôt recadré par Jean-Marie Le Pen ("il doit se rappeler qu'il n'est qu'un hôte dans cette maison"), la multiplication des incidents avec les journalistes ces derniers jours, les longs incisifs de Marion-Maréchal Le Pen (qui a réclamé une "réflexion" et des "leçons à tirer", avant d'annoncer un retrait temporaire de la scène politique) et surtout les nombreuses casseroles du Front national. 

Seule l'élection de Marine Le Pen comme présidente de la République pouvait la mettre à l'abri des poursuites judiciaires. C'est raté. Elle est actuellement soupçonnée "d'escroquerie en bande organisée". Elle ne peut plus bouder les juges en invoquant la "trêve judiciaire" pendant la campagne présidentielle. La levée de son immunité parlementaire européenne commencera le 28 mai. L'horizon politique s'assombrit pour Marine Le Pen.

 5  Si tout le monde s'était abstenu ou avait voté blanc et nul, Marine Le Pen avait des chances non négligeables d'être élue comme je l'ai démontré avec des chiffres à l'appui dans un article récent. En n'appelant pas clairement ses partisans à voter Macron, comme Fillon et Hamon, et en laissant supposer qu'il voterait blanc, Jean-Luc Mélenchon s'est donc mis du mauvais côté de l'histoire. Idem pour ceux et celles des fillonistes, une bonne partie, et des hamonistes, une minorité, qui se sont abstenus ou ont voté blanc et nul. Heureusement, qu'une grande partie des partisans de ces leaders ont compris l'enjeu, ont fait la part des choses et n'ont pas suivi le mauvais exemple de Mélenchon à la lettre. Il ne faudra jamais oublier dans quel état d'esprit nous aurions pu être aujourd'hui, si la candidate d'extrême droite avait réussi son pari. 

Par conséquent, il faut oser le rappeler au lendemain de cette épreuve républicaine majeure, qu'avoir compté sur les autres pour barrer la route au Front national, était le moins qu'on puisse dire inconsistant, inconscient et irresponsable.

 6  Et de l'irresponsabilité, parlons-en. Je croyais le cas de Mélenchon était réglé, j'en avais parlé longuement dans mes articles précédents, affaire classée. Mais figurez-vous que non. On a failli tous passer à côté et tomber dans le stratagème du chef de la France insoumise, qui essaie aujourd'hui de s'en tirer comme si de rien n'était. On disait, « mais oui il a ses raisons, pour ne pas donner comme tout le monde une consigne de vote claire en faveur du candidat d'En Marche ». Pas plus que Fillon en fait, et pourtant ce dernier dont la victoire était certaine pendant deux mois, n'a pas hésité une seconde pour appeler à voter Macron. C'est la déclaration de Mélenchon après la victoire écrasante de Macron, qui m'a mis la puce à l'oreille. 

Disons franco, les dix prétendants au trône de l'Elysée souhaitaient non seulement passer le 1er tour, mais ils espéraient aussi, sans jamais oser le dire, avoir Marine Le Pen en face. C'était le sésame pour gagner le 2e tour sans grande difficulté. D'ailleurs en privé, beaucoup de partisans de toutes les couleurs politiques l'avouaient. 

Toutefois, Jean-Luc Mélenchon, à la différence des autres candidats, voulait vraiment que la candidate du Front national gagne l'élection présidentielle. Regardez sa tête dimanche soir, on voit bien qu'il aurait souhaité un FN à 41%, ou le rêve, à 49%, et pourquoi pas d'un 51%. La rhétorique était toute préparée pour la suite : le Parti socialiste et le parti Les Républicains ont échoué lamentablement à combattre le FN, En Marche n'est qu'un rempart en papier contre le FN, seul moi et moi seul, avec mes hologrammes réunis, je peux le faire

La victoire présidentielle de Le Pen aurait eu deux conséquences majeures et particulièrement bénéfiques pour Mélenchon : elle lui aurait permis de gagner les élections législatives facilement et de mettre fin à la Ve République, un point central de son programme. Or, aujourd'hui, avec le score élevé de Macron, ses deux souhaits sont renvoyés aux calendes grecques. Mélenchon croyait s'en sortir grâce à ses passes d'armes avec le FN dans le passé. Désolé, mais c'est une couleuvre qu'on ne peut pas avaler aujourd'hui. Il était impossible de considérer l'arrivée de la candidate du Front national comme un danger pour la République et d'aller voter blanc ou s'abstenir. Il n'y a que des naïfs qui peuvent gober cette mascarade. Qui a voté blanc ou s'est abstenu dimanche, soit n'était pas conscient du risque encouru, soit n'était pas dérangé par la victoire du FN, voire la souhaiter au fond de lui-même.

Les ambiguïtés de Mélenchon cachaient en réalité de petits calculs politiciens. Ses partisans du 1er tour doivent en être conscients. Leur devoir civique leur impose de sanctionner aux législatives, celui qui s'est permis de faire prendre des risques considérables à la République pour des raisons bassement personnelles et électorales.

 7  Arrêtons-nous un peu sur le vote de la communauté française du Liban. On compte 17 674 Français et Franco-Libanais inscrits sur la liste électorale de l'ambassade de France à Beyrouth. 

Au 1er tour, le « vote de la circonscription Liban » ne colle absolument pas avec les profils du « vote de la France entière » et du « vote de la circonscription de l'étranger » (les chiffres seront arrondis). Le taux de participation a eu du mal à franchir la barre des 50% au Liban, comme pour le taux de l'étranger (44%), alors que le taux national était au-dessus des 80%. Il est claire que les Français de l'étranger, qu'ils soient binationaux ou pas, au Liban et ailleurs, s'intéressent moins à cet enjeu hexagonal. Les Français du Liban ont placé Fillon en tête, avec près de 61% des suffrages exprimés (contre 20% pour la France entière et 26% pour l'étranger). Il aurait était élu dès le 1er tour au Liban, le rêve! Fillon était suivi par Macron, qui a convaincu près de 16% des votants au Liban (contre 24% pour la France entière et 40% à l'étranger). Le Pen n'a récolté que près de 12% au Liban (contre 21% pour la France entière et moins de 7% à l'étranger) et Mélenchon moins de 7% au Liban (contre près de 20% pour la France entière et près de 16% à l'étranger). Disons qu'il n'y a rien d'étonnant pour un pays comme le Liban, les binationaux penchent plutôt à droite

Toutefois, le vote du 2e tour est beaucoup plus surprenant. On croyait que Macron, jeune inconnu et social-libéral, était beaucoup moins populaire dans la communauté franco-libanaise que Marine Le Pen. Eh bien, non. Enfin, de la sympathie, pour la candidate du Front national, à la confiance, pour présider la République française, il n'y avait qu'un pas que beaucoup de Franco-Libanais n'ont pas franchi. La participation était de près de 44% au Liban, comme pour l'étranger (46%), mais beaucoup moins que la France entière (75%). Macron arrive largement en tête avec 69% des suffrages exprimés, un score comparable à celui de la France entière (66%), mais inférieur à celui de l'étranger (89%). Le Pen ne convainc que 31% au Liban, un score comparable à celui de la France (34%), qui est beaucoup plus élevé que celui de l'étranger (11%). Ces résultats contrastés s'expliquent par deux facteurs importants. D'une part, par une certaine xénophobie et une islamophobie chronique chez une frange de la communauté franco-libanaise, notamment chrétienne. D'autre part, par l'afflux massif de réfugiés syriens au Liban, qui constituent aujourd'hui un tiers de la population générale du pays du Cèdre, soit près de 2 millions de personnes, et qui posent beaucoup de problèmes socio-économiques, aussi bien dans les régions chrétiennes que dans les régions musulmanes. Il y avait donc une réceptivité accrue à la rhétorique du Front national au sein des binationaux du Liban

Il n'empêche qu'on note une grande maturité politique dans le vote des Français du Liban, à l'instar de celui des Français de la mère patrie. Dans tous les cas, je suis fier et ravi d'avoir contribué à travers mes nombreux articles sur l'élection présidentielle française à éclairer l'opinion des Français installés sur les rives orientales de la Méditerranée.

 8  La bonne nouvelle pour tous, toutes tendances politiques confondues, c'est que la vie politique peut reprendre son cours. L'entre-deux-tours était une période surréaliste malsaine, dominée par l'édification du barrage contre la montée du FN, plus que par la confrontation démocratique des propositions politiques. Aujourd'hui, on peut remettre les compteurs à zéro et s'engager dans la grande bataille des législatives

Le mouvement En Marche présentera des candidats aux élections, issus pour la moitié de la société civile. Emmanuel Macron aura besoin d'une majorité présidentielle au Parlement pour mettre en oeuvre son programme. Les Français ne sont pas dupes au point d'élire en mai un président d'une couleur politique, et de constituer une majorité parlementaire d'une autre couleur politique en juin. Le nouveau président est bien parti afin d'avoir le feu vert pour mettre en route son programme. D'ailleurs, les premiers sondages placent « En Marche », rebaptisé en vue des législatives « La République en marche », en tête des intentions de vote. C'est précisément ce qui rend ses adversaires politiques, comme François Baroin, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, si irritables. 

Toutefois, le risque d'une cohabitation politique n'est pas exclu. Les Républicains, le Parti socialiste et la France insoumise, feront tout pour être des contre-poids à la politique de Macron, voire pour constituer une majorité parlementaire qui stoppera net son projet pour la France.

 9  Au bout de cette journée électorale et à la fin de cette nuit dominicale, l'histoire a pu écrire que la vague populiste qui a frappé les Etats-Unis et le Royaume-Uni, s'est arrêtée sur les côtes françaises

Beaucoup de gens n'ont pas encore bien apprécié l'élection d'Emmanuel Macron à sa juste valeur, au-delà des grands clivages politiques et des petits calculs politiciens. Après les Autrichiens et les Hollandais, les Français disent oui à l'optimisme, à la tolérance, à la modération, à l'ouverture, à l'esprit de conquête et aux valeurs républicaines, la liberté, l'égalité et la fraternité. Dans quelques mois les Allemands feront de même. Ils diront non au pessimisme, à l'intolérance, à l'extrémisme, à l'isolationnisme, à l'esprit de défaite et au populisme, en renouvelant leur confiance à la chancelière Angela Merkel. Le tandem Macron-Merkel, deux proeuropéens convaincus représente une chance historique pour le contient. 

S'il y a une certaine défiance à l'égard de l'Europe, comme l'a bien révélé l'élection présidentielle française, il est clair aujourd'hui que la majorité des 67 millions de Français comme des 510 millions d'Européens, considèrent plus que jamais l'Union européenne, la plus merveilleuse des aventures collectives humaines de l'histoire, première puissance économique au monde et prix Nobel de la paix, comme une civilisation extraordinaire et une contrée où il fait si bon de vivre et où l'on peut bien s'épanouir.

 10  Ce n'est pas par hasard qu'Emmanuel Macron ait choisi de fêter son élection historique dans la cour du palais royal du Louvre. Le nouveau président de la République a voulu rendre un double hommage.


D'une part, un hommage à la France. C'est dans ce cadre grandiose qu'une partie de l'histoire du pays a été écrite. De tous les noms intimement liés au Louvre, on peut citer notamment François Ier (1515-1547), le roi emblématique de la période de Renaissance, Napoléon Ier (1799-1815), l'empereur de la conquête de l'Europe, et François Mitterrand (1981-1995), le président à l'origine de l'audacieuse pyramide et du déménagement du ministère des Finances, faisant du Louvre le plus grand musée d'art du monde (554 498 œuvres dans 210 000 m2) et le plus visité de tous (près de 9 millions de personnes/an).

D'autre part, un hommage à l'Europe. Protégé par le velouté de la nuit et éclairé par les lumières chaudes des réverbères, sur le thème musical de l'Ode à la joie de Beethoven, qui constitue l'hymne officiel de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe, Emmanuel Macron s'est mis en marche, pendant 3 minutes et 45 secondes, traversant seul et solennellement une cour Napoléon noire de monde et couverte de drapeaux tricolores, pour rejoindre l'estrade dressée pour la circonstance devant la nouvelle pyramide, pour rencontrer le peuple de France venu à sa rencontre devant l'arc de triomphe du Carrousel et pour prendre le destin de la France en main

La mise en scène n'est pas sans rappeler celle d'un François Mitterrand avançant seul sur la même musique au Panthéon, là où la Patrie témoigne de sa reconnaissance aux Grands hommes. Par ce clin d'oeil, Macron n'a pas voulu montrer un quelconque attachement à la politique miterrandienne (il n'avait que 4 ans à son élection et 18 ans à son départ). Il a surtout souhaité se démarquer des "présidents ordinaires", comme François Hollande et Nicolas Sarkozy, pour se mettre dans les bottes des "présidents extraordinaires", comme François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing. Il sait que si l'habit ne fait pas le moine, il y contribue quand même. 

La gravité affichée sur son visage lors de son premier discours à son QG, à l'annonce des premiers résultats de son élection, conscient du poids de la charge présidentielle qui pèse désormais sur ses épaules, a cédé la place à une grande sérénité au Louvre, celle du grand vainqueur de cette longue bataille, qui sait que la tâche sera immense mais qui est confiant dans l'avenir. La cérémonie s'est terminée par un retour à la France avec La Marseillaise, l'hymne national, et une sympathique photo de famille.

 11  Je termine cet article par quelques extraits marquants des deux discours prononcés par le nouveau président de la République française, Emmanuel Macron, dans un premier temps, devant ses fidèles au QG d'En Marche (38:43-44:50) et dans un deuxième temps, devant les Français au Louvre (2:12:00-2:24:30). J'ai fusionné les textes pour mieux ressortir l'essence et la logique des actes fondateurs du nouveau mandat. Les phrases ne sont pas dans l'ordre chronologique.


« La France l'a emporté (Louvre)... Vous avez choisi de m'accorder votre confiance. Je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude. C'est un grand honneur et c'est une grande responsabilité (QG)...

Peuple de France, nous avons des devoirs envers notre pays. Nous sommes les héritiers d'une grande histoire et du grand message humaniste adressé au monde (QG)... Une nouvelle page de notre longue histoire s'ouvre ce soir. Je veux que ce soit celle de l'espoir et de la confiance retrouvée (QG)... Les Français, l'Europe et le monde attendent de nous... qu'à nouveau la France les étonne (Louvre)... 

Je défendrai la France, ses intérêts vitaux, son image, son message (QG)... Je protégerai la République (Louvre)... La tâche qui nous attend est immense. Elle imposera de moraliser la vie publique, de défendre notre vitalité démocratique, de renforcer notre économie, de construire de nouvelles protections, d'assurer la sécurité de tous, de donner une place à chacun, de refonder notre Europe (Louvre)... Je défendrai l'Europe, la communauté de destins que se sont donnés les peuples de notre continent (QG)... Je ne me laisserai arrêter par aucun obstacle. J'agirai avec détermination et dans le respect de chacun (QG)...

Je vous servirai avec humilité et avec force. Je vous servirai au nom de notre devise: liberté, égalité, fraternité. Je vous servirai dans la fidélité de la confiance que vous m'avez donnée. Je vous servirai avec amour (Louvre)... Aimons la France (QG). »

jeudi 4 mai 2017

Le résultat du débat-TV Macron-Le Pen est sans appel : il est prêt et digne d'être président de la République française, elle peut tourner des pubs de dentifrice ou être dans l'opposition (Art.431)


1. La finale a eu lieu. Enfin, à la télé. Elle me conforte dans mon opinion. Chirac avait parfaitement raison, on ne débat pas avec le Front national car ses leaders emblématiques, les Le Pen père-fille-nièce n'ont aucune décence politique. On a encore eu la preuve hier, avec un débat à l'américaine, un combat de catch houleux ou un match de rugby au mieux, loin d'un débat à la française, un match de tennis ou de football au pire. Cela étant dit et contrairement à ce qu'on peut lire ici et là, dans la presse nationale et internationale, ainsi que sur les réseaux sociaux, ce fut un débat réussi, passionné et passionnant, car il a permis tout simplement de mettre en lumière la personnalité des deux candidats et les grandes lignes de leur projet pour la France. C'est exactement ce qu'on attend d'un débat politique. Et quel match! On aurait dit la rencontre qui a opposé l'Allemagne au Brésil au cours du Mondial de football de 2014, l'inoubliable « 7-1 ».


2. La stratégie globale. Marine Le Pen (MLP) n'avait manifestement qu'une idée fixe en tête. Elle était tellement obsédée d'attaquer son adversaire, qu'elle a très souvent oublié d'énumérer ses propres propositions en la matière. C'était à peine croyable. Le Pen faisait de la peine! On sentait qu'elle est venue battre son rival et repartir. Maigre pour aller plus loin. Elle est apparue irresponsable, obtus, grossière et immature. De ce fait, Emmanuel Macron (EM) n'a eu que le beau rôle tout au long du débat. Le comble, c'était grâce à la candidate du FN. La stratégie du candidat d'En Marche était double : souligner le manque de propositions de son adversaire, pour bien la discréditer, puis rebondir afin de se concentrer sur ses propres propositions, pour bien se mettre en valeur. Il ne pouvait pas mieux rêver comme situation, surtout qu'il a dit, redit et démontré qu'il est venu débattre avec sa rivale et convaincre les Français par son projet. Il a donc brillamment réussi son pari. Il s'est imposé comme un homme responsable, ouvert, fin et mature.

3. La maitrise des dossiers. Elle a cru bien faire de venir avec une pile de dossiers, de notes et d'anti-sèches. Quelle bonne idée sauf que le FN ne s'est pas rendu compte que c'était un signe donné aux téléspectateurs que MLP ne maitrisait pas ses sujets. Le débat l'a démontré, notamment sur l'emploi, la sécurité, la justice, les médicaments ou l'Euro. EM était plutôt comme un maitre de conférence. Incollable sur tous les sujets abordés. Sans jamais regarder une fiche, il prenait du temps pour expliquer sereinement la complexité des problèmes auxquels la France doit faire face et les solutions qu'il envisage appliquer s'il est élu. Sûr de lui, il a d'ailleurs utilisé le futur et non le conditionnel.

4. Les propositions. On savait que les deux finalistes s'opposaient sur pratiquement tous les sujets. Et sur ce plan précis, le débat n'a rien apporté de plus. Il n'a fait que le démontrer. Sur l'emploi, la retraite, la sécurité, le terrorisme, l'école, l'Europe et le monde, on avait deux visions de la France. On le savait. Toutefois, la confrontation a été très utile. Celle-ci a démontré qu'Emmanuel Macron a un réel projet pour la France, contesté par certains, mais il est complet et cohérent. De l'autre côté, c'est la grande confusion et l'incohérence. Marine Le Pen a mérité bien son qualificatif qu'EM lui a attribué, « parasite », du système depuis des dizaines d'années comme du débat pendant 2h30, une tactique indispensable pour embrouiller les électeurs. Elle l'a fait en disant beaucoup de « bêtises » comme l'a souligné EM à plusieurs reprises, un terme qu'on réserve d'habitude aux enfants. Alors que le candidat d'En Marche a fait un sans-faute pratiquement, on a relevé une vingtaine d'intox et fakes news, mensonges et faits alternatifs, pour MLP. Sur la relance de l'économie, la retraite à 60 ans, le rachat de SFR, la contribution de la France au budget de l'Union européenne, la hausse des prix à cause de l'Euro, la bonne santé du Royaume-Uni malgré le Brexit, la filière GPA, etc. Elle a beau essayé, elle n'a pas réussi à être « crédible ». C'était surtout flagrant lors de son cafouillage sur la sortie de l'Euro, mesure phare de son programme, où elle a dit vraiment « n'importe quoi ». Et à chaque fois, qu'elle s'est retrouvée coincée par les répliques cinglantes et les propositions précises de son adversaire, elle s'est réfugiée dans l'insulte, la caricature et les enfantillages, quitte à apparaître grotesque. On pouvait bien le sentir tout au long du débat à ses rires et sourires hystériques, qui étaient proportionnels à l'intensité de son malaise. Ce fut notamment le cas avec son cirque sur la prétendue crainte d'EM des « envahisseurs », les sympathisants du FN, un moment d'anthologie qui a démontré à quel point MLP avait perdu la main et les pédales lors de ce débat. Elle a laissé l'impression d'une bouffonne de la trempe de Trump. On aurait dit un éléphant dans un magasin de porcelaine. Elle a été au mieux assez maladroite, au pire, très mauvaise.

5. L'attitude. Marine Le Pen est apparue agressive, grossière, instinctive et ringarde. On aurait dit un vieux disque rayé qui tournait en boucle. Elle a passé beaucoup de son temps de parole, les yeux plongés dans ses anti-sèches, cherchant désespérément de quoi attaquer son rival au lieu de développer ses idées pour la France. Après chaque intervention, elle laissait une impression de malaise et d'oppression. En un mot, elle inquiétait. Au contraire, Emmanuel Macron semblait d'un calme olympien, courtois, réfléchi et moderne. Il avait une maitrise de ses émotions, comme de ses dossiers, impressionnante. Il laissait une impression de bien-être et de sérénité. En un mot, il rassurait. Non mais, il n'y a pas photo!

6. Comme je l'avais souhaitais dans mon dernier article, les magouilles financières du Front national et de sa présidente ont été abordées au cours du débat, surtout que l'enquête préliminaire menée en France a abouti à la mise en examen d'une quinzaine de dirigeants du FN et à l'ouverture récente d'une information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée ». Il était temps de mettre en garde les Français. Elire Marine Le Pen c'est mettre une justiciable soupçonnée d'escroquerie, qui prétend être la candidate du peuple français, à l'abri de la justice de la République, qui est justement rendue « au nom du peuple français ». Impensable.

7. Ce qui frappe le plus dans ce débat du 2e tour c'est finalement le contraste entre les deux finalistes. Jamais il n'a été aussi net et marqué. Et à cause de ce point, il faut plutôt reconnaitre que le débat est historique, il restera dans les annales. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun doute, tout oppose les deux candidats, rendant le choix politique entre ces deux personnalités de l'échiquier politique, pour quiconque supposé et disposé à choisir, donc qui n'est pas mauvais perdant et de mauvaise foi ou les deux à la fois, on ne peut plus aisé. Le grand mérite de ce débat c'est d'avoir démontré que le ni-ni, c'est nunuche et pipi de chat. Les électeurs français auront le choix dimanche entre une candidate d'extrême droite dans toute sa splendeur, terme sarcastique pour désigner la décadence que représente ce mouvement et la répugnance suscitée par son idéologie, et un présidentiable qui est prêt pour les hautes fonctions de l'Etat et digne d'être président de la République française.

8. Je dois vous avouer que Marine Le Pen a marqué un but. Je pourrais rajouter, contre son camp. Elle a parfaitement démontré à la majorité des téléspectateurs d'hier et des électeurs de demain, qu'elle est ni prête ni à la hauteur pour briguer la magistrature suprême. Au pire, elle peut continuer son cirque et ses invectives dans l'opposition, au mieux, elle peut jouer dans des pubs de dentifrice ou dans une série télévisée. On le savait déjà. C'est CQFD. Et je peux vous dire, ça fait du bien. 


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