mercredi 3 mai 2017

Emmanuel Macron vs. Marine Le Pen : le plus jeune président de la République française face à l'escroquerie en bande organisée (Art.430)


I. A QUELQUES JOURS DU DENOUEMENT DE CE CHAMPIONNAT POLITIQUE, SOUVENONS-NOUS

Sacrée France! Elle nous fait vivre une de ces campagnes présidentielles, épique pour certains, dramatique pour d'autres. A quelques jours du dénouement de ce championnat politique, souvenons-nous. Chassé par la porte de l'élection de 2012, Nicolas Sarkozy s'est accroché au bord de la fenêtre de la primaire de 2016, espérant revenir dans l'arène et prendre sa revanche. Privé de sa poupée vaudou, qui lui avait permis d'éliminer Dominique Strauss-Kahn le favori de 2012, François Hollande ne pouvait plus jeter des sorts que sur lui-même. Pendant de très longs mois, Alain Juppé a porté les pantoufles du grand favori, jusqu'à l'usure totale. François Fillon ne s'est pas rendu compte que si l'habit ne faisait pas le moine, le costume ne fait pas le président non plus. Connaissant l'adresse des lieux, Manuel Valls a cru que pour passer du palais de l'Elysée à l'hôtel Matignon, il n'avait qu'à traverser la Seine, s'essuyer les pieds et entrer. Benoît Hamon a pensé un instant qu'il était né sous une bonne étoile. Jean-Luc Mélenchon s'est vraiment pris pour le líder máximo de la revolución francesa. Nicolas Dupont-Aignan a eu de grands espoirs de faire oublier son surnom vendéen, Ducon Gnangnan. Enfin bref, on aura tout vu et tout connu, ri et pleuré, sur le sort des uns et des autres. Et encore, ce n'est pas fini.

Qui seront les alliés de la France le Jour d'après?
Berlin. Emmanuel Macron avec Angela Merkel (16 mars 2017)
Moscou. Marine Le Pen avec Vladimir Poutine (24 mars 2017)

II. L'ENJEU DE CETTE ELECTION PRÉSIDENTIELLE N'EST PLUS DE SAVOIR QUI VA LA GAGNER

Il ne reste que peu de suspense à ce niveau, l'édition 2017 est pratiquement bouclée. La comparaison des propositions et des positions des deux finalistes prouvent qu'Emmanuel Macron a tout ce qu'il faut pour ratisser large et gagner, Marine Le Pen ne peut que rapetisser et perdre. Inconnu du grand public il y a 5 ans, Macron s'impose aujourd'hui comme le gage d'un sang neuf et du renouveau. La dynastie Le Pen, père-fille-nièce, est dans le paysage politique français depuis 1956. Le parcours professionnel de Macron, ministre de l'Economie, inspecteur des Finances et banquier d'affaires chez Rothschild & Cie, plaident en faveur d'une bonne connaissance à la fois du secteur public, où il laisse de bonnes impressions, et du secteur privé, où il a connu un grand succès. Le parcours de Marine est réduit à une très brève carrière d'avocate. Sans clients, sans dossiers et sans revenus, on finit par la placer dans le service juridique du parti de papa, le Front national, il y a 20 ans de cela. Le positionnement de Macron au centre prouve aux yeux d'une majorité de Français qu'il est ouvert aux opinions les plus variées et il a la capacité de rassembler. Tel père telle fille telle nièce, les Le Pen n'ont jamais réussi à briser leur isolement à l'extrême droite de l'échiquier politique français.

Lisez, comparez, méditer, non mais, il n'y a pas photo! Si le climat politique à notre époque favorise le pessimisme, l'extrémisme, l'isolationnisme, le populisme et l'intolérance, comme on peut le voir tristement avec la candidature de Marine Le Pen en France et l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, il est aussi propice à l'optimisme, la modération, l'ouverture, la politique autrement et la tolérance, comme on peut le constater magistralement dans la candidature d'Emmanuel Macron en France et la nomination de Justin Trudeau au Canada. Le candidat d'En Marche l'a très bien compris, il a très bien su l'exprimer dans son programme présidentiel et ça c'est très bien traduit dans les urnes. Aujourd'hui, Emmanuel Macron a non seulement une avance d'un million de voix sur sa rivale (24,01% des suffrages contre 21,3%), mais en plus, il dispose d'une réserve de voix importante, à la fois chez Les Républicains, le Parti socialiste et la France insoumise, qui représentent près de 50% de l'électorat. Par contre, la marge électorale de Marine Le Pen est très réduite, elle est désespérément seule contre tous, malgré l'alliance opportuniste avec Dupont-Aignan, qui ne représente que 5% de l'électorat. Macron sort triomphant de sa première confrontation au suffrage universel. Sans réelle surprise, sa deuxième le portera à l'Elysée, sauf coup de théâtre, que personne ne peut exclure.

III. L'ENJEU DE CETTE ELECTION PRÉSIDENTIELLE N'EST PAS NON PLUS LE SCORE QUE DEVRA REALISER LE FAVORI, EMMANUEL MACRON

On sait qu'il sera gonfler artificiellement par le contexte spécial de ce 2e tour et ne reflétera pas fidèlement la réalité. Mais encore, le score du candidat d'En Marche hante quand même tous les esprits. Il faut le disséquer pour mieux comprendre la raison. Le 7 mai, on retrouvera trois catégories de bulletins « Emmanuel Macron » dans les urnes :
. ceux des adhérents de la 1re heure : 8 657 326 voix, les 24,01% des suffrages totaux exprimés au 1e tour, dont 1 432 voix exprimées au Liban, 16,02% des suffrages locaux ; ce sont celles et ceux qui trouvent que le programme de Macron est le meilleur de tous;
. ceux des convaincus de la 2e heure : des abstentionnistes et des adversaires du 1er tour, qui considèrent par défaut, que le programme de Macron pour la France est préférable à celui de Le Pen;
. ceux du « front républicain » proprement dit : qui ne veulent pas prendre le moindre risque de voir Marine Le Pen et sa clique piétiner le gazon de l'Elysée et les valeurs de la République française.
Ces catégories sont aussi miscibles que peuvent être l'eau et l'huile. Seule l'agitation provoquée par le 1er tour, avec la qualification d'une candidate d'extrême droite pour la finale, permettra de les mélanger dans un corps électoral homogène. Toutefois, tout le monde sait que l'effet est temporaire.

Cela étant dit, si la catégorie des adhérents de la 1re heure (les 24%), ne pose aucune difficulté d'interprétation, il s'agit d'une adhésion claire et nette, ce n'est absolument pas le cas des deux autres. Du côté d'En Marche, on peut être tenté de ne voir dans les votants en faveur d'Emmanuel Macron le 7 mai que des adhérents au programme de ce dernier et que des convaincus par ses propositions. On parle déjà de plus en plus de « majorité présidentielle ». Du côté des Républicains, des Socialistes et des Insoumis, qu'elle soit avouée ou pas, on est obsédé par cette idée que le candidat d'En Marche puisse tirer un quelconque profit de son score, pour l'exploiter contre eux durant la grande bataille des législatives. Ils ne se rendent pas compte de part et d'autre, qu'ils sont en train de créer une confusion des genres dans la tête des électeurs, qui peut affecter gravement le taux de participation au 2e tour et la force du barrage anti-FN.

IV. LE FRONT RÉPUBLICAIN AUJOURD'HUI, LA BATAILLE LÉGISLATIVE DEMAIN

La situation est complexe, mais les choses doivent rester claires. Emmanuel Macron doit être pleinement conscient du désarroi des partisans de ses adversaires républicains, notamment ceux de François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Il ne doit pas considérer, comme il le fait parfois, que le vote en sa faveur est acquis d'avance et que tout bulletin dans l'urne équivaut une adhésion à son programme. Républicains, Socialistes et Insoumis doivent aussi être pleinement conscients que l'exploitation du score de Macron aux législatives par le mouvement En Marche est une peur démesurée et irrationnelle. A cause de la gravité que représente la présence de Marine Le Pen au 2e tour, Macron doit multiplier les signes pour rassurer les composantes hétéroclites de la nouvelle coalition politique temporaire du « front républicain ». Quand il parle de son programme, il doit le faire pour prouver à tous les électeurs français que ses propositions sont meilleures pour la France que celles de Marine Le Pen, mais pas forcément mieux que celles des Républicains (Fillon), des Socialistes (Hamon) et des Insoumis (Mélenchon). Fillon (enfin, la droite), Hamon et Mélenchon, doivent rassurer leurs partisans, ça n'a aucun sens de craindre l'exploitation du score du candidat d'En Marche aux législatives, ils ne se retrouvent « alliés de Macron » que pour un laps de temps et dans le but de barrer la route à Le Pen.

Par conséquent, personne ne doit perdre de vue, que la bataille actuelle n'est ni pour assurer une majorité à Macron ni pour constituer une majorité contre Macron. Elle est pour élire un président digne de la République française. Ce n'est qu'à partir du 8 mai que tout le monde peut s'engager vraiment dans la bataille des législatives. Entre les deux tours de l'élection présidentielle, la bataille est contre Marine Le Pen, point barre.

V. LE CAS PAS SI ÉNIGMATIQUE QUE ÇA DU LIDER MAXIMO DE LA REVOLUCION FRANCESA, JEAN-LUC MÉLENCHON

Déçu, soit. Vexé, soit. Furieux, soit. Mais de là à être mauvais perdant, il n'y avait qu'un pas, que le chef de la France Insoumise a franchi allègrement. Allez, récapitulons. La France de Mélenchon dynamite la Ve République, prend le risque de quitter l'Union européenne, abandonne l'Euro et sort de l'OMC-FMI-BM-OTAN, rejoint l'Alliance bolivarienne et s'allie avec Poutine-Assad, et met 10 jours à réfléchir, sur une question qui peut être tranchée en quelques heures sur Internet, que faire au 2e tour. Aux dernières nouvelles, le chef des Insoumis a décidé d'aller voter au 2e tour, mais de ne pas voter pour Le Pen, tout en ne donnant pas une consigne de vote pour ses électeurs mais en mettant en garde ses partisans contre un vote FN. Comprenne qui pourra. Si Mélenchon est sincère, il votera donc blanc, ce qui boostera le score de Le Pen comme on le verra plus loin. Il est navrant de constater que ce transfuge du PS a tout fait pour apparaître comme un présidentiable sérieux durant la campagne et le voilà dilapidant une partie de son capital à cause d'un ego surdimensionné. « Le 5 mai, il ne faut pas hésiter. Mettez des gants, des pinces, ce que vous voulez, mais votez ! Abaissez le plus bas possible Le Pen ». Superbe, mais c'était en 2002, quand papa Jean-Marie s'était qualifié pour le 2e tour. Pour la qualification de la fifille Marine, Mélenchon est parvenu à la conclusion que « le front républicain consiste à donner des brevets de pompier à des pyromanes ». Chapeau!

Le volte-face de Mélenchon sur une question de principe, n'est pas une anecdote de campagne, c'est une stratégie délibérée, murement réfléchie. Les raisons sont multiples. Pêle-mêle, on y trouve :
. l'amertume de la défaite alors qu'il était à deux doigts de se qualifier pour le 2e tour : 19,58% des suffrages exprimés, soit 7 060 885 voix ; près de 600 000 voix seulement le séparent de Marine Le Pen! ;
. un manque du sens des responsabilités : hélas, et c'est encore plus flagrant quand on pense à un Bernie Sanders, qui n'a pas hésité une seconde pour se rallier à Hillary Clinton, contre Donald Trump ;
. la rancune pour les adversaires de gauche et du centre : Benoît Hamon, qui ne s'est pas retiré en sa faveur (c'est l'inverse qui aurait dû se passer, à cause du sens des responsabilités et du programme présidentielle du candidat du PS), et Emmanuel Macron, jeune inconnu il y a 5 ans, grand vainqueur aujourd'hui ;
. la dispute de la même frange de l'électorat entre l'extrême gauche et l'extrême droite : notamment ouvrier et rural, c'est très utile dans la perspective des législatives de juin ;
. la proximité des programmes entre la France insoumise et le Front national sur certains points importants : à des nuances près, les deux souhaitent abroger la loi Travail, maintenir l'âge de départ à la retraite à 60 ans, dénoncer les accords de libre-échange, instaurer un certain protectionnisme, adopter le référendum d'initiative populaire, sortir des traités de l'Union européenne, quitter l'OTAN et s'allier avec Poutine-Assad en Ukraine-Syrie ;
. des objectifs tactiques comparables : éliminer les partis traditionnelles et prendre leur place, le Parti socialiste pour l'un, le parti Les Républicains pour l'autre, notamment par la mise en place de la proportionnelle, intégrale pour l'un, partielle et majorée pour l'autre, qui ouvra dans les deux cas grand les portes de l'Assemblée nationale à ces deux partis extrêmes de l'échiquier politique.
Cela étant dit, les deux formations sont diamétralement opposées sur de nombreuses propositions. Le projet de Mélenchon est globalement humaniste et écologique. Ce n'est pas le cas de celui de Marine Le Pen. S'il s'était qualifié pour le 2e tour face à Le Pen, je n'aurai pas hésité une seconde, j'aurai voté pour Mélenchon. Idem si c'était Fillon ou Hamon. C'est justement ce qui rend la retenue du chef des Insoumis pour appeler à voter Macron, injustifiable et impardonnable, surtout quand on apprend que l'ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, une figure importante de la gauche radicale européenne, a clairement apporté son soutien au candidat d'En Marche face à celle du Front national, "le seul ministre d'Etat en Europe à avoir fait tout son possible pour nous aider" lors de la crise de la dette qui a opposé Athènes à Bruxelles.

VI. L'ENJEU DE CETTE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, C'EST LE SCORE DE MARINE LE PEN

Elle a récolté 21,3% des suffrages exprimés au 1er tour, soit 7 679 493 voix (12,29% au Liban). Elle s'est alliée à Nicolas Dupont-Aignan, un gaulliste en toc qui n'a obtenu que 4,7% des suffrages, soit 1 695 186 voix (dont 47 au Liban). J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur les propositions d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Inutile d'y revenir en détails. Limitons-nous à quelques uns des points qui me motivent à infliger une lourde défaite à la candidate du Front national.

En premier, il y a le personnage. S'il faut la qualifier par un seul adjectif, je dirais qu'elle est antipathique. Son sourire hypocrite, adopté il y a peu de temps pour illuminer un sombre visage, la dispose plus pour tourner des pubs de dentifrice qu'à gagner les cœurs. Ce qui me rend hermétique à sa politique, c'est avant tout cette malhonnêteté omniprésenteQuelques exemples banals. Beyrouth, 21 février. Alors qu'elle est prévenue la veille que pour rencontrer le Mufti elle doit se couvrir la tête, elle se pointe à la porte le lendemain et fait tout un cirque pour signifier aux intéressés qu'elle refuse catégoriquement de se voiler les cheveux. Amiens, 26 avril. Apprenant qu'Emmanuel Macron passe une partie de la journée dans la ville, afin de rencontrer les représentants des salariés de Whirlpool, et prévoit de se rendre à 14h30 dans l'usine, un site qui pourrait être délocalisé en Pologne, Marine Le Pen décide de se pointer à 13h et de passer une vingtaine de minutes sur le parking, le temps de faire son cirque, prendre des selfies avec les salariés, distribuer des croissants à tout le monde et fournir des sifflets aux plus belliqueux, afin que le candidat d'En Marche soit mal accueilli dans l'après-midi. Villepinte, 1er mai. Comme si de rien n'était et sans le citer bien entendu, Marine Le Pen se permet de plagier mot à mot de longs passages d'un discours de François Fillon prononcé deux semaines plus tôt. Bienvenue dans la mythomanie du FN. Ce qui me rebute d'avoir la moindre opinion positive du Front national, c'est également la longue liste des condamnations judiciaires de ce parti et de ses membres pour banalisation de crimes contre l’humanité, apologie de crimes de guerre, contestation de l'existence de crimes contre l'humanité, incitation à la haine raciale, inégalité des races, détournement de fonds, diffamation, etc. Et encore, c'est sans parler des innombrables dérapages islamophobes, antisémites, racistes, homophobes et xénophobes de certains de ses membres et de ses sympathisants.

Ce n'est évidemment pas tout. Elevée au château de Saint-Cloud, Marine Le Pen a réussi à se faire passer pour la candidate du peuple. Et pourtant, ceci ne se traduit pas trop dans son programme. Alors qu'elle ne promet que d'accorder une prime pour les bas revenus et les petites retraites, sans en préciser le montant svp, et qu'une faible baisse de l’impôt sur le revenu, de 10% seulement, elle s'engage tenez-vous bien, à permettre à chaque parent, càd tout doit être multiplié par deux, de transmettre sans aucune taxation, 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans et d'augmenter le plafond des donations sans taxation aux petits-enfants à 50 000 euros tous les cinq ans. Ainsi, les couples aisés pourraient transmettre toutes leurs fortunes à leurs enfants et petits-enfants, sans payer un euro de taxes à l'Etat. Candidate du peuple, la mascarade! Tenez, prenons maintenant ses propositions sur l'immigration. La candidate du FN veut réduire l’immigration légale à un solde annuel de 10 000 personnes par an. Non seulement aucun pays occidental n'est aussi fermé sur lui-même, mais en plus, si on applique une telle politique, on claquera la porte au nez de tous ceux qui souhaiteraient étudier en France (alors que le pays a délivré près de 70 000 cartes de séjour « étudiant » en 2016, faisant de l'Hexagone la 3e destination universitaire au monde), et de tous ceux qui voudraient se former et travailler dans le pays (qui concernent près de 22 000 personnes, dont des artistes, des scientifiques et des médecins libanais et étrangers, qui complètent leur formation dans les centres hospitaliers français). Le Pen souhaite également mettre fin à l’acquisition de la nationalité française par mariage et au droit du sol, et surtout, supprimer la double nationalité extra-européenne. Et dire que les 1 099 Franco-Libanais qui ont voté pour elle au Liban, ignorent que la déchéance de la nationalité les frappera sans distinction. Remarquez, ils ont raison sur un point, on donne la nationalité française à n'importe qui! Eh oui, la France de Le Pen est un pays au ban des nations dont le rayonnement n'éblouit personne.

Marine Le Pen prévoit par ailleurs l'abandon de l'Euro et la sortie de la France de l'Union européenne, le souhait le plus profond du quatuor Trump-Erdogan-XiJinping-Poutine. Et pourtant, comme l'ont rappelé 25 Prix Nobel d'économie, « la construction européenne est capitale non seulement pour maintenir la paix sur le continent mais également pour le progrès économique des Etats membres et leur pouvoir politique dans le monde ». Selon eux « les politiques isolationnistes et protectionnistes et les dévaluations compétitives (…) entraînent des mesures de représailles et des guerres commerciales (…) elles se révéleront préjudiciables à la France ainsi qu’à ses partenaires commerciaux. » La chef du FN ne sait plus quoi inventer, entre le retour au Franc et la création d'une monnaie commune, l'Ecu, pour cacher au peuple les mises en garde de la majorité des experts en économie : le programme de Marine Le Pen plombera le pouvoir d'achat des Français, mettra en difficulté les entreprises françaises et explosera la dette publique de la France. Sur le plan international, la candidate d'extrême droite souhaite fonder la politique de la France sur « le principe du réalisme » en envisageant un rapprochement avec Vladimir Poutine et de bonnes relations avec Bachar el-Assad, les principaux responsables de la tragédie de la guerre en Syrie, de l'épanouissement de l'Etat islamique en Irak et au Levant (Daech) et du drame des réfugiés syriens, au Liban comme en Europe.

VII. L'ABSTENTION ET LE VOTE BLANC PERMETTRAIENT A MARINE LE PEN DE GAGNER, AH SI !

Pour mieux comprendre le danger de l'abstention et du vote
blanc dimanche prochain, il faut simplifier les chiffres du 1er tour et imaginer deux scénarios pour le 2e tour. Si on réduit la population française à une commune de 10 000 personnes, les résultats du 1er tour seraient les suivants : Abstention-Blancs-Nuls 2422 voix, Macron 1819 voix, Le Pen 1614 voix, Fillon 1516 voix, Mélenchon 1484 voix, Hamon 482 voix, Dupont-Aignan 356 voix, Lassale-Poutou-Asselineau-Artaud-Cheminade 307 voix.

Premier scénario. Imaginons une forte mobilisation des abstentionistes-blancs-nuls du 1er tour, motivée par le danger Le Pen (le taux tombe de 24 à 20%, avec une mobilisation en faveur de Macron dans ¾ des cas). Supposons aussi que le report de voix sera tel qu'il s'est manifesté lors des sondages pré et post-1er tour : fillonistes (48% pour Macron, 33% pour Le Pen, 19% abstention), mélenchonistes (62% pour Macron, et beaucoup moins selon la consultation de la base sur internet, 9% pour Le Pen, 29% abstention), hamonistes (79% pour Macron, 4% pour Le Pen, 17% abstention) et aignanistes (34% pour Macron, 46% pour Le Pen, 20% abstention). Considérons également que les partisans des petits candidats s'abstiendront. Dans ce cas de figure, l'abstention globale sera de 32% (incluant les votes blancs et nuls). Macron sera élu avec 63% des voix exprimées. Le Pen se contentera de 37% seulement.

Deuxième scénario. Imaginons maintenant un 2e tour qui ne mobilise pas les abstentionnistes du 1er tour. Supposons aussi que les partisans de Dupont-Aignan se portent massivement sur Le Pen, après l'alliance des deux candidats. Supposons également que les partisans de tous les recalés, Fillon, Mélenchon, Hamon et tous les autres petits candidats, décident de ne pas voter Macron et de s'abstenir ou de voter blanc et nul. Dans ce cas de figure, eh bien, figurez-vous que le compteur de la catégorie « abstentions-blanc-nul » explosera, on aura 62% des inscrits. Avec 48% des voix exprimées, Emmanuel Macron sera battu. Marine Le Pen sera élue avec 52% des voix exprimées.

L'heure est grave, alors pour la suite, pas de pudeur de gazelle, comme l'a si bien dit le lider maximo. Qui feigne de ne pas voir de différences entre les deux finalistes, pour justifier une abstention et un vote blanc bidon par des prétextes grotesques aux conséquences désastreuses, est soit un mauvais perdant, soit de mauvaise foi, voire les deux à la fois. Si tout le monde suivait la logique de Jean-Luc Mélenchon et de certains Fillonistes, contrairement à la consigne de vote de François Fillon lui-même, dans une stratégie de fuite en avant, d'autruche, d'aveuglement, de vengeance, de rancune, de terre brûlée, d'après moi le déluge, du ni-ni-jusqu'au-boutiste, de la peste et du choléra, enfin, appelez cela comme vous voulez, qu'importe, le résultat sera le même, la candidate d'extrême droite sera élue présidente de la République française.

VIII. PEUT-ON ELIRE MARINE LE PEN COMME PRÉSIDENTE DE LA RÉPUBLIQUE, ALORS QU'ELLE EST SOUPÇONNÉE PAR LA JUSTICE FRANÇAISE D'ESCROQUERIE EN BANDE ORGANISÉE?

Si je suis si engagé dans cette bataille présidentielle pour infliger à Marine Le Pen une défaite cuisante, c'est également à cause de ses magouilles financières. Je trouve ça hallucinant, qu'on débatte à longueur de temps, de journée, d'antenne, de colonne et de mur, sur le programme de la candidat du Front national, comme si de rien n'était, alors que Marine Le Pen traine depuis un bon moment déjà de nombreuses casseroles concernant les emplois fictifs d'une vingtaine d'assistants parlementaires européens du FN, le vaste système frauduleux mis en place par son parti pour financer ses campagnes électorales depuis des années, les fausses déclarations de patrimoine et le grand emprunt russe dont le non-remboursement dépendra du bon vouloir du maitre du Kremlin. On a gavé les Français jusqu'à la nausée avec PenelopeGate et clouer au pilori un homme d'Etat après tout, François Fillon, et là bizarrement, on assiste à une sorte d'amnésie générale, disons à quelque chose qui s'apparente à un traitement différencié concernant des affaires judiciaires beaucoup plus graves d'une politicienne infréquentable à la base, Marine Le Pen. 

Et pourtant, l'enquête préliminaire menée en France concernant les nombreuses magouilles financières du Front national et de sa candidate a abouti ni plus ni moins, à la mise en examen d'une quinzaine de dirigeants du FN et à l'ouverture récente d'une information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée ». La présidente de ce parti a été convoquée par la justice pour être entendue et probablement mise en examen il y a quelques semaines. Elle a tout simplement refusé de s'y rendre. 

Rien que pour ça, les Français devraient déclarer Marine Le Pen inéligible. L'élire c'est mettre une femme politique soupçonnée d'escroquerie, à l'abri de la justice de la République, le temps de son mandat. Pour moi, c'est un des enjeux primordiaux de cette élection présidentielle. Nul n'est au-dessus de la loi, Marine Le Pen doit être entendue et jugée au nom du peuple français comme tout le monde. Je demande donc solennellement à Emmanuel Macron d'aborder les magouilles financières de sa rivale au cours du débat télévisé prévu ce soir, et les jours suivants, en ayant en tête la détermination de Marine Le Pen de se servir de son immunité parlementaire ou présidentielle, pour refuser de répondre aux convocations des juges, et ses menaces proférées contre les policiers et les juges qui enquêtent sur ses affaires, lors du meeting de Nantes le 26 février : « Dans quelques semaines, ce pouvoir politique... aura été balayé par l’élection. Mais ces fonctionnaires, eux, devront assumer (...) Ils mettent en jeu leur propre responsabilité ». Et dire que certains s'étonnent encore du battage médiatique contre le FN! Il est là, le danger de ce parti, résumé dans cette phrase. Alors, faisons un peu du Mélenchon et disons, élisez qui vous voulez dimanche, mais ne l'Elysée pas! Ma consigne est tout de même plus claire que celle du líder máximo de la revolución francesa. Je réserve le mot de la fin à Emmanuel Macron. Il l'a prononcé lors du meeting du 1er mai à Paris. « Madame Le Pen a parfaitement résumé la situation avec sa grossièreté bien connue : c'est en marche ou crève. Elle a raison, En Marche! c'est nous ». Là aussi, on ne peut pas être plus clair. La démocratie offre à tout un chacun de voter en son âme et conscience, comme à ses risques et périls. Protégeons la France du pire, le monde entier nous observe. 

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